NT Foundation - La psychologie, un luxe nécessaire
 
 
 
 
La psychologie, un luxe nécessaire

(N-T est l'abréviation de l'appellation vietnamienne Nghien cuu tam ly - Etudes de psychologie, désignant un groupe d'études fondé en 1989 par le Dr Nguyen Khac Vien a fin de promouvoir des études de psychologie et de psychiatrie infantiles, un domaine encore quasiment inexploré au Vietnam. N-T est une organisation non gouvernementale autonome, ne dépendant d'aucun ministère ou institut)

D.L une filette de 5 ans et demie, amené par son grand-père paternel pour énurésie diurne, des crises de fureur, d'instabilité motrice accentuée, et un symptôme qui inquiète la famille: refuse tout contact, fuit toute personne étrangère en se cachant la figure avec la main. La monitrice de l'école maternelle refuse de la garder parce qu'elle sème le trouble dans sa classe.

Une équipe N-T composée d'un médecin neurologiste, de deux jeunes diplômées de psychologie examine l'enfant après un entretien assez long avec le grand-père. L'examen physique ne revèle pas d'anormalie bien nette sauf qu'il apparait en interrogeant le grand-père qu'il semble y avoir des signes d'absence lors des éjections d'urine; on fait faire un électroencéphalogramme non sans difficulté, l'enfant ne voulant rester tranquille; il a fallu donner des tranquillisants pour avoir l'EEG. Le tracé ne donne pas d'indication précise, mais le diagnostic d'épilepsie est évoqué.

La non coopération de l'enfant rend impossible tout examen psychologique avec des tests pendant la première séance; on laisse l'enfant jouer en présence de deux psychologues qui se contentent d'observer. L'enfant prend une poupée une figure féminine, la mère ou la monitrice? Elle s'acharne sur la poupée, la rossant avec une règle. Puis elle se calme, consent à prendre contact avec les psychologues.

Celles-ci dans les jours suivants rendent visite à la famille. Le père, technicien est absent, travaillant alors à l'étranger, la mère est une employée, le grand père, veuf, s'occupe quotidiennement de l'enfant. On apprend que les parents qui attendaient un garçon ont été dépités d'avoir une fille; l'enfant a été plus ou moins rejetée par ses parents et confiée au grand-père, un cadre retraité, avec lequel l'enfant dort chaque nuit. C'est le grand-père qui a remarqué les premiers symptômes, amené l'enfant à la consultation et donné les informations les plus précises sur le comportement quotidien de sa petite-fille et sur la vie en famille. Par lui, on apprend un conflit l'oppose à sa belle-fille car, ayant perdu sa femme, il l'a fait enterrer juste devant la porte de la maison qu'ils habitent ensemble; sa belle-fille impute à cette tombe malencontreusement placée toutes les infortunes qui peuvent arriver à la famille, et en particulier les crises d'humeur de la filette. Le grand-père fait savoir aussi que la filette a très peur d'un garçon psychotique du voisinage qui a des accès de rage terrible au cours desquels il menace de rosser tous les enfants du quartier.

Autre incident: la filette plutôt chétive a été confiée jusqu'à cinq ans à une crèche où on ne garde les enfants que jusqu'à trois ans; pendant deux ans, elle a donc fréquenté des enfants plus petits que son âge. Un beau jour, la mère décide de l'envoyer à l'école maternelle, en compagnie d'enfant de cinq ans; elle n'arrive pas à s'adapter ce nouveau milieu, est rejetée par ses camarades, et la monotrice la renvoie à la famille.

L' équipe N-T est perplexe: on peut penser à un cas d'épilepsie sans pouvoir être tout à fait sûr de ce diagnostic. L'observation du comportement, avant que les tests d'intelligence puissent être pratiqués, permet d'écarter une hypothèse de débilité mentale manifeste. Pourquoi ces crises de fureur? Ce refus de contact avec évitement du regard d'autrui, le fait de se cacher la figure avec les mains? Serait-ce un cas d'autisme?

L'équipe demande au grand-père de revenir pour un nouvel examen et une nouvelle séance de jeu; et si possible demander à la mère de venir. La mère ne venant pas, un membre de l'équipe rend visite à la famille et a recueilli les informations que nous avons données ci-dessus.

La semaine d'après, le grand-père revient, en disant que l'enfant a été plus sage en sortant de la consultation. Effectivement, la fillette commence comme à la première séance de se cacher la figure, mais peu à peu, au fur et à mesure qu'elle joue avec les poupées s'apprivoise. Elle quitte la salle de jeu plus calme que la première fois. La semaine suivante, le grand-père la ramène, disant que la filette a demandé à revoir les deux "maîtresses" pour jouer ensemble. Après quelques séances, la mère se décide à accompagner l'enfant et le grand-père

La famille est un peu dépitée que l'équipe N-T n'ait pas donné à l'enfant des médicaments, comme l'énurésie persiste avec semble-t-il des symptômes d'absence, le médecin, d'accord avec les psychologues prescrit du Tegrethol. Il n'est guère facile de se procurer ce médicament à Hanoi et on doit l'acheter sur la marché parallèle à un prix élevé. L'enfant en prend pendant un mois, mais la famille faute d'argent ne peut continuer à s'en procurer. L'épreuve du traitement anti-épileptique qui parait avoir donné quelques résultats concernant l'énurésie ayant été interrompue, ne permet pas de conclure. La Fondation N-T  de son côté, ne recevant aucun subside gouvernemental, fonctionnant avec des cadres bénévoles, ne peut non plus aider la famille.

 Le grand-père demande qu'on continue les séances de jeu avec l'enfant; d'après lui chaque séance améliore le caractère de l'enfant, au moins pour quelques jours et rend la vie familiale plus supportable. D'ailleurs, le grand-père  comme la mère sont contents de pouvoir s'entretenir de leurs difficultés avec des personnes compréhensives et dévouées.

L'énurésie persiste, mais l'enfant ne fuit plus les personnes étrangères, se cache de moins en moins la figure avec les mains; la famille envisage de l'envoyer à l'école éléméntaire (elle a maintenant plus de six ans)

                                           

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Une fois par semaine, pendant une année, trois cadres diplômés de l'enseignement supérieur se sont donc occupés d'une filette, non pour une maladie mortelle, mais pour des manifestations apparemment banales, crise de rage, énurésie, hostilité vis-à-vis des personnes étrangères. Et ce dans un pays où la malnutrition, les maladies infectieuses frappent des millions d'enfants, où les hôpitaux d'enfants sont bondés, disposant de très peu de ressources et de personnel pour faire face (ou bien si on perçoit des frais d'hospitalisation, les hôpitaux se vident, parce que les familles ne peuvent payer). Une consultation médico-psychologique de ce genre est-elle vraiment utile, nécessaire? Avant la mise sur pied de cette consultation N-T, personne à Hanoi n'aurait pensé amener un enfant comme D.L. à une "consultation".

Hanoi compte des pédiatres expérimentés, mais jusque-là aucun pédiatre ne consentirait à examiner un enfant pour de "simples" crises de rages. Les parents d'accord avec les médecins, et les pédagogues, songeraient plutôt à "corriger" l'enfant que de discuter pour faire un diagnostic et délibérer sur les moyens médicamenteux ou psychologiques à proposer aux parents. Hanoi compte aussi des psychiatres chevronnés pour adultes, mais les troubles psychologiques de l'enfance qui ne relèvent d'aucune affection organique patente ne sont jamais envoyés dans les services de psychiatrie.

Dans les écoles de pédagogie, on enseigne bien la psychologie, mais il s'agit surtout de psychologie générale, enseignée de façon purement académique, les professeurs se contentant de faire des cours et de faire passer des examens; jamais il ne leur serait venu à l'idée d'examiner un enfant anormal.

Bref, pour la première fois à Hanoi, la Fondation N-T s'avise d'ouvrir une consultation médico-psychologique, peu après avoir été autorisée à fonctionner en tant qu'organisme privé à vocation scientifique (avril 1989).

Entreprise hasardeuse, voire aventureuse. Les membres de N-T ont une bonne expérience de la pédiatrie, de la neurologie, de l'enseignement, mais personne n'a reçu une formation régulière de psychologie et de psychiatrie infantiles. Pas un sou pour démarrer: de petites sommes venant de quelques Vietnamiens résidant à l'étranger permettent de louer une salle qui sert à la fois pour les réunions de travail, pour les consultations, et comme salle de documentation. Les autorités sont indifférentes, plus préocupées des problèmes de nutrition, de planning familial, de vaccinations, de scolarisation que des tracas de conscience des grosses; certaines administrations sont presque hostiles, considérant non sans quelque suspicion ces intellectuels trop curieux des secrets de l'âme humaine. Bref l'opinion générale considère la psychologie comme un luxe pour un pays encore sous-développé. La psychologie n'est guère enseignée à l'école secondaire, non plus dans les facultés de médecine. Dans les écoles de pédagogie, les futurs enseignants reçoivent un enseignement fortement marqué par un dogmatisme stérilisant: Piaget est ignoré, le béhaviorisme, la psychanalyse et toute autre école que le pavlovisme étant baptisés de théorie bourgeoise, créée afin de servir de fondement idéologique à la société capitaliste. Les tests sont pratiquement inconnus.

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Les membres fondateurs de N-T ne sont pas des utopistes; ce sont des cadres qui ont une longue expérience médicale, clinique et socio-politique. Ils savent que si l'opinion générale n'est pas encore préparée à voir dans la psychologie une discipline aussi nécessaire que l'électronique et l'informatique, des problèmes aigus se posent à toute société, concernant en particulier les rapports entre parents et enfants dans une société en pleine mutation.

Nombre de parents sont désemparés devant les réactions de leurs enfants, et la délinquance juvénile commence à prendre ses proportions inquiétantes. On ne peut plus se contenter de moraliser; les injonctions moralisantes des parents, maîtres, autorités politiques dérapent sur la tête des enfants comme "des gouttes de pluie sur le plumage d'un canard". Des esprits avertis commencent à penser qu'une étude scientifique, de longue haleine des problèmes sociaux et psychologiques de l'enfance s'avère indispensable.

Conférences, articles de journaux: le groupe N-T commence par alerter l'opinion publique. C'est bien de mener de grandes campagnes, avec l'aide de l'UNICEF, de l'OMS sur les besoins biologiques des enfants, besoins en protéines, en vitamines, en lipides; mais l'enfant a aussi des besoins psychologiques auxquels il faut répondre. Et la carence en soins psychologiques se montre aussi désastreuse que la carence en protéines ou en vitamines. Nombre d'enfants, outre les soins purement médicaux, demandent aussi à être soignés sur le plan psychologique . Quelques parents informés amènent leurs enfants aux consultations N-T, quelques administrations commencent à s'intéresser à la question.

N-T arrive à obtenir de la direction des hôpitaux Bach Mai, Dong Da, Olof Palme (institut de pédiatrie bâti avec l'aide suédoise) du dispensaire d'hygiène mentale du quartier Mai Huong (relevant de l'hôpital psychiatrique de Hanoi) l'ouverture de consultations médico-psychologiques; les services hospitaliers fournissant les locaux, le personnel médical, N-T le personnel psychopédagogique . Il est préconisé non seulement de prendre en charge des enfants présentant des troubles psychologiques, mais aussi d'introduire la notion de soins psychopédagogiques dans la pratique psychiatrique courante et pour le quartier Mai Huong, un quartier déshérité de Hanoi, de cerner les problèmes médico-socio-psychologiques et tâcher, de concert avec les autorités et la population locales, de trouver les remèdes indispensables.

Le programme est ambitieux pour des novices, dans un pays où la situation économique et sociale reste encore des plus difficiles, où chaque cadre, qu'il soit médecin ou enseignant a de la peine à joindre les deux bouts, où les contributions financières publiques et privées sont des plus limitées.

Qu'importe, il faut bien que quelqu'un commence. D'arbord, apprendre le métier de psychologue, sur le tas, et en mettant en commun les connaissances acquises par les uns et les autres. On collecte des observations cliniques, on fait quelques enquêtes sociales de petite envergure, on ne fait plus de la psychologie académique, mais on accumule peu à peu une expérience pratique des réalités de la société vietnamienne. Quelques tests sont mis à l'épreuve: échelle de développement Brunet Lézine, Wecshler-Wisc, Raven, CAT, Goodenough. Les dossiers sont soigneusement établis et les enfants suivis un par un pendant des mois. Il ne s'agit nullement de répondre à des besoins sociaux: N-T ne se propose pas pour but une action sociale, mais cherche seulement à collecter des observations minutieuses à des fins d'études.

Ces réalités vietnamiennes sont confrontées avec les études faites à l'étranger. Ici se présente une difficulté majeure: la lecture directe des textes de psychologie dans une langue étrangère exige un niveau de maîtrise de la langue que très peu de chercheurs possèdent (il faut minimum 5-10 ans de pratique). Il faut absolument traduire, traduire les manuels, les tests, les articles importants, les grandes oeuvres, bref toute une littérature psychologique. Et pour mettre au point les observations comme pour traduire, il faut créer une terminologie, inventer un style, et last but not the least, trouver de l'argent pour éditer les textes produits. Sans se décourager, les membres de N-T se mettent à l'ouvrage.

Pour la première fois au Vietnam, paraît une collection de livres spécialisés en psychologie infantile, la collection N-T, ainsi que des documents à tirage limité. Chaque samedi après-midi, au siège de la Fondation N-T, les membres de la siège de la Fondation, les membres de la "ruche" N-T se réunissent; l'un apporte une observation clinique , l'autre une traduction de texte ou des informations de source nationale ou étrangère, et l'on discute à propos d'un diagnostic, d'une mesure thérapeutique, d'un terme à adopter (comment traduire par exemple fantasme ou test projectif).

Contactées et intéressées par le travail réalisé, des organisations internationales, UNICEF, CCFD, CIMADE, RADDA BARNEN accordent quelques subsides; on arrive à financer l'édition des livres et documents de travail, à rétribuer (très modestement) les traducteurs, rédacteurs, les médecins et psychologues qui examinent et soignent les enfants.

Un groupe d'enseignants en psychologie de l'Ecole supérieure de pédagogie de Hanoi, d'abord réticent, se décide au début de 1991 à adhérer à N-T en vue d'une étude concrète sur les problèmes de l'échec scolaire, en premier lieu, des cas d'échec en fin de la  première classe (classe préparatoire). Un groupe N-T se forme à Ho Chi Minh-ville, des pédiatres à Hué, Hai Phong commencent à s'intéresser aux problèmes psychologiques, se proposant de créer des groupes N-T

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N-T entre dans sa 3è année d'existence, au terme de sa "première enfance".

 Faut-il multiplier les consultations médico-psychologiques? Certainement non; pour le moment, c'est un luxe. Faut-il continuer à faire fonctionner les consultations existantes? Certainement oui, c'est tout à fait nécessaire. La société vietnamienne, actuellement ne peut prendre en charge tous les enfants qui présentent des handicaps psychologiques; mais on doit commencer à se poser les problèmes, à les cerner, à créer les instruments de travail pour plus tard, pour le siècle prochain.

Quand l'Etat et les familles disposeront de moyens suffisants, il faudra que les instruments de travail soit prêts - manuels, tests, équipements, dictionnaires... et que le personne spécialisé soit disponible. Dix ou quinze années de travail suffiront à peine à créer une armature de départ. Tel est l'objectif que se fixent les membres de N-T: créer les prémisses d'une discipline nouvelle, la psychologie  et la psychiatrie infantiles. Luxe pour le moment, nécessité pour les années à venir.

Peut-on vraiment parler d'hygiène mentale sans une prise de conscience claire et nette des problèmes socio-psychologiques?

Une consultation médico-psychopédagogique à Hanoi en ce moment, c'est comme  un rein artificiel: une médecine trop chère, mais le fonctionnement d'un seul rein artificiel oblige le corps médical à approfondir de nombreux problèmes de néphrologie. Aucune société ne peut progresser sans quelques activités de luxe qui stimulent la réflexion et les efforts.

Il est vraisemblable que de nombreuses questions théoriques et pratiques resterons pour longtemps sans réponse. Quel diagnostic, quel pronostic formuler concernant la filette D.L. L'équipe N-T réserve son jugement, se contentant de suivre l'évolution des choses. Est-ce vraiment utile de consacrer de longues séances d'entretien, de jeux à une filette qui, abandonnée à elle même, aurait peut-être grandi comme les autres, l'âge se chargeant de régler les conflits familiaux et les complexes personnels? Ou bien, ces séances, ces contacts auraient-ils permis à l'enfant, à sa famille d'alléger les tensions qui émaillent la vie familiale et évité la constitution d'une névrose confirmée? Pour le moment, il est difficile de conclure.

Peut-être est-ce là l'aboutissement normal des sciences humaines, non point arriver à des conclusions claires et nettes, des solutions pratiques toutes faites, des recettes infaillibles, mais simplement soulever des problèmes, inciter à la réflexion, amener ceux qui détiennent le pouvoir et assument les responsabilités à abandonner une attitude moralisatrice subjectiviste pour adopter une attitude plus objective? Sur les enfants, nous avons les pleins pouvoirs pour attribuer sanctions et récompenses. Peut-être que les études de psychologie inciteront parents, maîtres, médecins, cadres politiques à se montrer plus compréhensifs envers les besoins des enfants, à humaniser leurs rapports avec les enfants?

Dans la pratique, nous rencontrons des cas moins complexes que celui de D.L. Un garçon de onze ans présente un tableau clinique et radiologique d'ulcère d'estomac. La famille et les médecins naturellement cherchent à se procurer les médicaments dernier cri (Tagamets), et s'en tiennent là. L'équipe N-T s'informe des conditions de la vie familiale et scolaire: on apprend que l'enfant d'intelligence normale, n'ayant pas d'aptitude spéciale, est cependant envoyé dans une classe pour enfants doués en mathématiques. Les parents n'ayant pu eux-mêmes, à cause de la guerre, réussir une carrière scolaire brillante, veulent à tout prix "pousser" leur enfant unique vers des études et diplômes prestigieux. Cours supplémentaires de mathématiques, de langues étrangères, l'enfant est harcelé du matin au soir; le père tient un compte minutieux des notes obtenues.

Faut-il vraiment dans ce cas prescrire les produits de synthèse les plus sophistiqués, ou plus tôt obtenir des parents qu'ils nourrissent des projets plus réalistes concernant leur enfant: dans une classe normale, l'enfant aurait certainement été un bon élève, sans avoir à déployer des efforts démesurés, cause réelle de son ulcère d'estomac.

Autre cas: une filette de trois ans présente subitement un tic, elle cligne constamment des yeux. Le médecin ne découvre rien de particulier, et ne sachant quoi faire, prescrit des... séances d'acupuncture. Interrrogeant les parents, on apprend que la mère vient de rentrer de l'étranger, où elle a fait un stage d'études pendant un an; pendant ce temps, l'enfant dormait tous les jours avec son père. Dès le retour de la mère, on fit aussitôt coucher l'enfant avec la maman. Le tic est apparu. Il a suffi aux parents, surtout au père de se montrer plus affectueux avec l'enfant pour le tic disparaisse. Probablement quelques séances d'acupuncture auraient aussi fait disparaître le tic, mais peut-être un autre symptôme serait apparu, l'énurésie par exemple, l'enfant continuant à se sentir rejeté par son père, le malentendu pourrait durer longtemps entre les parents et l'enfant et conduire à des conflits plus graves.

Sans rêver de soigner tous les cas un par un par une psychothérapie individuelle longue et coûteuse, N-T se propose de faire prendre conscience aux médecins, infirmières de l'existence de problèmes socio-psychologiques, d'obtenir que dans chaque observation clinique des services de pédiatrie, à côté des renseignements fournis par la radio, les ultrasons, voire le scanner, on adjoigne un dossier socio-psychologique et qu'en plus des médicaments ou de la chirurgie, on cherche aussi à discuter avec les parents, à les conseiller, ou à organiser des jeux, des séances de dessin, de chant, de gymnastique pour les enfants, qui présentent des affections pulmonaires ou cardiaques, ostéo-articulaires ou neurologiques.

Il vaut peut-être mieux pour le moment, de financier de la présence d'un psychologue pour chaque service de pédiatrie que l'achat d'un scanner. Nous pensons que le progrès scientifique ne réside pas seulement dans l'application d'une technologie de plus en plus sophistiquée - nous ne la récusons nullement - mais aussi dans la mise en pratique d'une médecine (et d'une pédagogie) plus intégrale, holistique selon l'expression consacrée.

Un psychologue pour chaque service de pédiatrie d'une certaine importance, c'est encore un luxe dans les conditions actuelles, mais un luxe nécessaire, et plus est, abordable.

Notes

1.Pour 1990 et début 1991 N-T a édité 6 livres et 10 documents totalisant 1500 pages.

2. Les subsides se montent à quelques milliers de dollars pour 1990, sommes peu importantes en comparaison de l'aide que ces organisations accordent à d'autres projets gouvernementaux.

 

 

Voici quelques cas clinique

Cas clinique : Le petit V ( Rédigé par la Psychologue Tran Huong Nhai)

•-          Le nom : QV

•-          Date de naissance : 13/1/2004

•-          Date de première  consultation à Truong Dinh : 22/05/2006

•-          Raisons de consultation : Traits d`autisme et Retard de la langage.

•-          Type de prise en charge : 3 séances par semaine

1/ Le profil psychologique.

V habite avec sa mère et ses grands parents. La situation familiale éclaire beaucoup de données du cas. Les parents de V ont été adoptés par ses grands parents dont le grand père est chinois et la grande mère est vietnamienne. Quand ils sont grandis, ils se sont épousés et a un enfant, c'est NV. Alors ses grands parents paternels sont en même temps aussi ses grands parents paternels et maternels. Depuis 2 ans quand le père a constaté que sont fils a des traits d'autisme, le père a abandonné la famille et est allé à HCMV pour vivre avec autre femme. La mère et l'enfant restent avec les grands parents. Mais la mère est très occupée, elle travaille en plein temps dans une entreprise à Hanoi et elle est absente toutes les journées sauf la nuit et les dimanches. C'est la grande mère qui s`occupe principalement de V.

V porte le nom de sa mère, conformément  à la tradition Chinoise. Son nom NV signifie :  « Roi de tous les jours ». Depuis que l'enfant ne parle pas et ne regarde personne jusqu' à 3ans, La grande mère a tout a coup une théorie  sur ce prénom NV et considère que les ancètres doivent se sentir offensés par un tel prénom si présomptueux et on punit l'enfant, elle explique ainsi les difficultés de NV. Elle décide donc de changer son prénom. Elle lui donne un nouveau : QV, c`est à dire « Le Pays Riche ».

Le petit fils est pris en charge à l`hopital de jour en raison de ses difficultés. Il présente un tableau d`autisme : Il ne parle pas, ne regarde toujours pas.

2/ Le deroulement de la prise en charge.

Dans ses premières séances ( de 1ère à 10ère) la mère était dans la salle. On ne pouvait pas séparer V de sa mère. La mère est liée à son enfant et V aussi. Il travaillait seulement avec la présence de sa mère. Le petit V est indifférent à l`entourage, il a refusé de communiquer avec la psychologue, il aime jouer tout seul, à la maison, le petit V joue souvent au coin  du rez de chaussée ou 4ème étage et il peut jouer tout seul au 4 ème étage toute la journée.

Il ne maîtrise pas ses actes de faire pipi et faire caca.

La psychologue a commencé son travail à la 2ème  prise en charge et se concentre sur les actes irraissonables du petit fils, souvent avec quelques matériels cliniques.

2.1. Attacher à sa mère

La psychologue accepte la présence de la mère dans la salle pendant 10 séances. Au début, V ne s`occupe pas de la psychologue, il a tendance de s'approcher à sa mère. La psychologue utilise un objet intermédiaire avec douceur et gentillesse pour établir la relation avec l`enfant : La psychologue pousse la balle à sa mère, la mère la lui pousse, V repousse la balle à sa mère , après, il pousse la balle à la psychologue. Peu à peu, ont trvaillé en groupe : V, sa mère et la psychologue. V accepte alors de contacter avec la psychologue et peut se séparer facilement de sa mère puis peut travailler tout seul avec la psychologue.

2.2. Mâcher des jouets.

V aime donner tous les jouets à la bouche pour mâcher. Il mâche le tube en plastique ensuite il le tourne. Il fait comme ça toute la séance. Tous ces actions monotones se répétent tous les jours. La psychologue lui aide à jouer des jeux avec les façons différents. La psychologue lie les tubes en plastiques puis introduit les morcaux de bois dans les tubes. Au dédut, V s'approche de la psychologue pour piller les morceaux de bois et jetter sur le plancher. Mais la psychologue est très patiente, peu à peu, V diminue l`action de mâcher l`objet. Il peut se concentrer sur des jeux constructives et collaborer avec la psychologue dans quelques jeux.

2.3. Enurésie et Encoprésie.

V ne maîtrise pas toujours l`action de faire pipi et faire caca, à la maison, la grande mère prend toujours un pot et poursuivre le petit V. La grande mère décide quand il peut faire pipi et faire caca. à l`hopital de jour, la psychologue prend un pot dans la salle et le petit fils peut faire pipi et faire caca quand qu`il veut. Peu à peu ses actes d`énurésie et d`encoprésie ont été diminués nettement.

2.4. Changer ses actions.

J`observe les plusieurs séances, le petit V s`occupe bien des objets ronds. Dans tous les jouets tombés, il choisi des morceux de bois ronds pour ranger en longeur, il a aussi choisi les chiffres : 0, 3 pour ranger. Les numéros 0, 3 sont semblables par le rondeur , peut être cela lui est plaisant.

Les Autres fois, la psychologue essaye de ranger les morceaux de bois carés en hauteur à côté ses morceaux de bois ronds. Au début, il ne s`occupe pas mais, ensuite il tourne sa tête et regarde les morcaux de bois carrées. Il continue de ranger de plus en plus en hauteur. V commence à déplacer l`attention à autre jouet. Il la regarde longtemps, il rit et chante l'air de la chanson « Le cochon ». Sa mère dit que quand il chante comme ça, si quelqu`un peut le compendre et chante la chanson « Le cochon » il rit,il regarde, et son visage se montre très heureux.

Conclusion.

Le petit V a la difficulté de communiquer avec les autres, mais les gens autour de lui ne savent pas établir la relation avec V malgré qu'ils veulent l'aider.

D'arbord c'est la psychologue qui peut contacter avec V par les jeux. V a besoin  d`avoir  une relation avec un/une psychologue qui ne l'interdit pas et l`encourage toujours.

On trouve que  l`établissement d`une bonne collaboration entre la famille (les grands parends et la mère de l`enfant)  et la psychologue est très important. Le petit fils a des problèmes qu`on doit résoudre mais en thérapie il fait des progrès.

Le petit fils est accompagnée continuellement à l`hopital 3 séances par semaine et commence à s'habituer au cadre de thérapie et aux psychologues.

 

 

  

Cas clinique: le petit H

(rédigé par le psychologue clinicien Pham Duc Chuan)

•-          Le nom : H

•-          Date de naissance : le 13 septembre 2000.

•-          Date de première consultation à Truong Dinh : le 22 septembre 2005.

•-          Raisons de consultation : hyperactivité, agressivité, trouble de langage (bègue).

•-          Fin de traitement : le 27 juin 2006 (86 séances en total).

•-          Type de prise en charge : 3 séances par semaine.

LE PROFIL  PSYCHOLOGIQUE

A sa maison, il bouge toujours, cours très vite. D'après sa mère: «C'est un enfant très têtu». Par exemple : quand la mère lui demande de fermer la porte, il l'ouvre tout de suite. Il a fermé fortement la porte des toilettes quand la femme de ménage était dedans. Il  est entré dans la salle de bain au moment où sa mère se lave. Il disait à sa mère que : «tu avais perdu le pénis, tu n'avais plus de pénis comme moi ».

A l'école, le petit H ne respecte pas les règles scolaires, il bouge et bat ses camarades. Il ne maîtrise pas ses actes de faire pipi et faire caca.

A l'hôpital de jour, il aime bien jouer dans le bassin de balles, il y saute et jette des balles sur la fenêtre. Il saute de toboggan sur terre. Il jette tous les jouets sur terre, change de jeux, allume et éteint le ventilateur et la lampe, ouvre et ferme la porte, il monte et descend très vite l'escalier, sans aucune peur de danger. Quand il dessine il ne fait que des traits violents et puis, il jette des crayons dans le bassin de balles. Si quelqu'un l'empêche, il hurle fortement : oh, oh, oh...Il devient bègue. En bref, toutes ses actions se répètent de jour en jour. Dans tous les milieux, il bat n'importe personne qu'il rencontre ou il se fait mal.

Le deroulement de la prise en charge

Des premières séances (de 1ère à  45ème) une psychologue travaille avec H.  Ces séances ont fait diminuer son agressivité, son bégaiement et grâce à cette thérapie, il sait exprimer ses besoins. Mais au cours de la thérapie, la psychologue a eu de difficulté avec lui, car H aime bien l'embrasser comme une intime ou par contre il jette les jouets, les balles et fait un coup d'œil provocant à la psychologue. Cela nous  amène de changer de cette clinicienne  par un psychologue suite à une réunion professionnelle de l'équipe.

Ce psychologue commence son travail à la 46ème  séances. La prise en charge se concentre sur les actes provocants et irraisonnables du petit H. Voici quelques matériels cliniques :

  1. Jeter des balles sur la fenêtre.

Le psychologue : « tu  peux jeter des balles en haut, en bas et en alentour, si tu veux, mais tu ne peux pas jeter des balles sur la fenêtre, car on ne peut pas reprendre ces balles. De plus, si tu fais comme ça, tes amis ici n'ont rien à jouer ». Ensuite, le psychologue ferme la fenêtre. Le petit H accepte jeter les balles en haut, en bas... et tous les jouets par terre.*

  1. Ouvrir et fermer fortement la porte. Le Psychologue lui dit « doucement, s'il  te plait » et fait le modèle. Il l'a imité en disant « doucement ».

  1. Allumer et éteindre la lampe, le ventilateur.

Le psychologue : « si tu fais comme ça, cette salle est tout à fait noire, on ne peut pas continuer à jouer ». Le petit H : « on a peur ».

•-          Le psychologue : « Qui a peur ? ».

•-          Le petit H : «  C'est toi ! ».

•-          Le psychologue : « Qui fait peur ? ».

•-          Le petit H : « les maîtresses ».

  • 3ème fois qu'il éteint la lampe.

•-          Le Psychologue : Cette fois, tu éteints la lampe, et la personne devant l'allumer c'est toi, pas moi.

•-          Le petit H éteint la lampe et allume tout de suite, il ne continue pas de l'éteindre.

Le psychologue en discute avec son père. Son père dit que : « à l'école, il fait des bêtises, c'est pour quoi la maîtresse lui met dans une salle ombre ».

  1. Monter et descendre vite l'escalier.

Le psychologue discute avec H du jeu de monter et de descendre l'escalier. On enlève chacune des ses jambes en comptant lentement : un, u...n, deux... Le petit H aime bien ce jeu, il l'a imité toute de suite. Le psychologue dit un, deux, ... Le petit H continue compter : « trois ». Le psychologue : « quatre ». Le petit H: « cinq »... Plus tard, le petit H compte tout seul: « un, deux, trois  ... » en descendant lentement l'escalier au rythme de son compte.

5.  Enurésie et Encoprésie :

Le psychologue discute avec ses parents : Le petit H ne maîtrise pas toujours l'acte de faire pipi, faire caca. Les parents : « il le fait bien à la maison et à l'hôpital de jour, alors qu'à l'école il ne le réussit pas et on doit chercher la cause de ce problème ».

A l'école : les enfants font pipi et caca à l'heure fixée. Le problème : Quand la maîtresse lui donne l'autorisation, H n'en a pas besoin. Quand il veut aller aux toilettes, la maitresse dit que : « tu veux faire la bêtise » et elle lui interdit d'y aller.

On discute et demande de lui permettre d'aller aux toilettes quand qu'il veut. Le résultat : les problèmes d'énurésie et d'encoprésie ont été bien réglés.

6. Changer souvent de jeux.

Dans une heure de séance, le psychologue lui laisse de 10 à 15 minutes de  décharge agressive: il jette les jouets sur terre, il saute du toboggan sur terre ... Evidemment ses actes irraisonnables ont été diminués nettement au rythme de ses manifestations. Il joue doucement de jour en jour.

CONCLUSION

Le particulier dans ce cas : Le petit H a la difficulté avec des femmes. C'est pourquoi le changement de psychologue est une décision appropriée.

On repère quelques résultats dans le déroulement de prise en charge pour ce cas. On trouve que : l'établissement d'une bonne coopération entre le psychologue et la famille (les parents de l'enfant) est indispensable permettant d'avoir des progrès en thérapie. Citons quelques détails intéressants pour finir ce cas.

Après une séance, dans une discussion avec la mère, le psychologue lui dit : il est bon pour H de lui offre l'occasion de prononcer des règles de jeux ou de le faire impliquer dedans, ce qui amène à respecter ces règles.

Cette idée a  été mise en oeuvre  par sa mère à la maison : Avant : quand Il faisait chaud, la mère avait allumé le ventilateur, H l'éteindrait. Maintenant, quand Il fait chaud, la mère change de stratégie en lui demandant :

 Est ce que tu trouve qu'il fait chaud ?

Le petit H : Oui, je le trouve.

La mère : Est ce que tu peux m'aider à allumer le ventilateur, s'il te plaît.

Le petit H : Oui, d'accord.

Enfin cette évolution de la mère est un de bons signes assurant les progrès de petit H, à la fin de sa prise en charge à l'hôpital de jour.

     

 

 
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