NT Foundation - Diagnostic – thérapie
 
 
 
 
Diagnostic – thérapie
 

                                                                             Nguyên Khac Vien

Comme cela se pratique en médecine, pour pouvoir passer de la phase d'analyse à une conclusion il faut avoir préalablement rassemblé les informations sur les situations actuelles et passées de la personne et de son environnement. De la même façon qu'en médecine, on s'efforce de systématiser les indices collectés, c'est à dire que l'on remplace le vocabulaire descriptif qui emploie des mots courants par des termes qui appartiennent à un système de références donné. Par exemple, si l'on veut décrire un malade apathique complètement découragé, le terme de dépression sera utilisé dans l'analyse. L'utilisation plus ou moins fréquente de ce terme dépendra du système de référence donné et donc d'une théorie donnée. C'est pourquoi, dans la méthode clinique pure, on n'utilise pas de matériel d'expérimentation et c'est à peine si les observations sont faites à l'aide d'une quelconque appareillage (observations non armées), ce qui diffère de l'observation armée car en fait, le pur clinicien possède en soi tout un système très riche en concepts et notions qui ont été formés au cours des expériences et de l'apprentissage. C'est justement pour cette raison qu'un clinicien très expérimenté peut établir un diagnostic très précis sans avoir eu recours à des tests.

A partir d'un travail d'analyse et de synthèse, on peut arriver à une hypothèse sur l'étiologie et la pathologie d'une maladie. Ensuite, en approfondissant l'examen, l'interrogation, l'enquête et en effectuant des tests selon une certaine orientation, on cherche les élements qui puissent valider l'hypothèse. Si l'on ne trouve pas ces éléments, l'hypothèse sera écartée et une nouvelle hypothèse devra être émise. Dans la méthode clinique au sens large, c'est tout un processus d'élimination d'hypothèses non confirmées qui fait que l'on arrive à établir le bon diagnostic : c'est le résultat d'un traitement d'épreuve qui permettra de confirmer ou non l'hypothèse avancée. Certains auteurs confondent les tests mentaux avec les tests de diagnostic s'appuyant sur les résultats des tests pour établir leur diagnostic psychologique.

Le plus important est de pouvoir tout d'abord établir un diagnostic qualitatif, déterminer une forme de maladie claire qui a déjà été classifiée comme une entité nosologique avec des symptômes nets ayant une étiologie connue. C'est ainsi que l'on procède dans le cas d'une maladie bactérienne, ou bien d'une maladie avec lésion organique évidente ou déficience génétique. En psychologie, il est rare de trouver des formes cliniques claires malgré le nombre de recherches menées durant ces deux derniers siècles. Si l'on tient compte des trois facteurs SXT, il est fréquent de ne pas trouver de symptômes mais on se trouve devant un état où beaucoup d'éléments sont entremêlés et interagissent les uns sur les autres sans qu'aucun d'entre eux ne soit une cause déterminante.  La loi linéaire de cause à effet ne peut pas être appliquée ici. On a affaire à des facteurs ayant une influence plus ou moins importante sur le développement d ‘une situation. Cette situation pluricausale, dans laquelle aucun facteur n'est à la fois nécessaire ni suffisant, peut être comparée à un enchevêtrement de plusieurs fils ensemble. A certains moments, ce sera tel facteur qui prédominera, et lorsque la situation change, ce sera un autre. Le psychologue est obligé de raisonner d'une manière souple, en fonction des circonstances, et c'est la caractéristique la plus importante de la méthode clinique au sens large.

Le psychologue ne doit pas agir comme un ingénieur devant une machine mais il doit se comporter comme un joueur d'échecs qui, à chaque coup, à chaque moment, se trouve devant une situation de jeu différente dans laquelle il y a plusieurs sortes de pions, chacun ayant une position donnée et une fonction particulière, le tout formant une situation de jeu déterminée. De plus, chaque coup joué provoquera une réaction du partenaire, très difficile à prévoir. Bien qu'il existe des livres qui décrivent beaucoup de situation de jeu, les joueurs se trouvent toujours dans des situations nouvelles devant lesquelles il faut réagir de façon appropriée. A chaque coup, il y a changement de situation qui amène à réfléchir sur une autre tatique. Il faut donc avoir une stratégie globale à long terme et en même temps développer une bonne tactique. Ainsi, le psychologue se trouve devant un enfant entrain de grandir qui est un complexe à trois composantes SXT, c'est à dire qu'il change qoutidiennement. Cet enfant n'est pas un individu qui vit en solitaire mais il a des relations étroites avec ses parents, ses frères et soeurs, ses grand-parents ainsi qu'avec les autres personnes qui vivent dans l'enceinte de la famille. Il y a encore, en outre, les tantes et oncles, les cousins, les camarades de quartier ou du village. En psychologie, on se sert souvent du terme de « constellation » qui signifie un ensemble de dizaine de miliers d'étoiles, difficiles à identifier et à connaître à fond. Ainsi, chauque personne, qui se trouve en relation proche ou lointaine avec l'enfant, a elle-même une subjectivité qui lui est propre. A ses débuts, la psychologie infantile s'est concentré sur l'enfant lui-même, en cherchant à le soigner, le traiter, l'éduquer et le guider. Petit à petit, on est arrivé à comprendre que l'enfant est avant tout en membre d'une famille qui est la source de toutes ses manifestations pathologiques en fonction de certaines circonstances et, le traitement sera difficile si l'on ne cherche pas aussi à améliorer les relations familiales. La psychologie infantile moderne comprend une évaluation de la situation familiale et surtout des particularités des parents. Ainsi, la psychologie infantile englobe au minimum la psychologie clinique des parents. Le profil psychologique de l'enfant doit être complété par le profil psychologique de la famille.

Le processus de l'examen psychologique clinique complet doit donc comporter plusieurs étapes qui sont :

- l'examen médical ;

- l'observation et l'interrogation de l'enfant et de ses parents (ou des personnes qui s'occupent de près de l'enfant) ;

- les tests mentaux ;

- les visites à domicile dans le but de mieux conaître la famille ;

- l'étude des conditions de scolarité et du milieu social.

L'attention doit aussi être portée sur l'origine sociale de la famille ainsi que les particularités culturelles (croyances, religions, niveau d'instruction surtout de la mère, les méthodes d'éducation des parents). Quand le psychologue et le sujet sont de la même origine sociale et de la même culture, la connaissance et la compréhension mutuelle sont relativement faciles. Mais si l'origine sociale et culture des deux parties en présence sont différentes, cela devient difficile. Par exemple, si le psychologue appartient à la couche sociale des intellectuels aisés, et qu'il se trouve devant une famille qui vit marginalement dans des taudis, les parents étant sansinstruction, très superstitieux ou bien qu'il se trouve encore devant un sujet appartenant à une autre ethnie, avec un langage qui lui est propre, des us et coutumes différents d'autre croyances, il y aura un fossé entre les deux parties qui sera la cause de beaucoup de difficultés dans le diagnostic et le traitement. Le point primordial, ici, est tout d'arbord de respecter le point de vue du sujet, le psychologue ne doit pas se servir de ses points de vue culturel, éthique et philosophique pour porter un jugement sur son malade. En prenant un exemple simple, devant une « fille-mère », il est difficile d'éviter d'avoir des pensées moralisatrices ; si le psychologue n'en est pas conscient, il ne sera en mesure d'aider cette personne à surmonter ses difficultés. En résumé, il faut être très vigilant vis-à-vis de ses réactions psychologiques personnelles devant des phénomènes qui nous sont étrangers. Ce qui est différent engendre souvent des réactions de condamnation et de réaction personnelle inconsciente, il sera difficile de pratiquer le métier de psychothérapeute. La clinique et la thérapie psychologiques sont deux parties enchevêtrées et leurs interactions qu'elles soient actives ou passives jouent un rôle primordial. On ne peut pas écarter le côté subjectif en psychologie, même en utilisant des tests que l'on croit entièrement objectifs. En réalité, la subjectivité des deux parties en présence a un effet important qui contribue à fausser les résultats des tests mentaux.

Lorsqu'on se trouve devant une autre personne qui a des traits de caractères différents, étranges, pouvant être à la limite immoraux, extravagants, le psychologue doit avoir une attitude compréhensive, généreuse, sans mettre en accusation ni prendre partie pour quiconque. Ainsi, lorsque les parents racontent les « torts » de leur enfant ou au contraire quand l'enfant se plaint de ses parents, le psychologue ne doit pas prendre partie mais doit essayer objectivement de comprendre la situation. De même si un juge lui demande d'interroger un détenu, le psychologue doit avoir garder une attitude entièrement objective. Il faut être objectif mais sans se montrer froid. Il faut être compréhensif vis-à-vis des deux parties, il ne faut pas se montrer d'accord ni s'identifier à aucune de ses parties, ni se mettre du côté de ceux qui, au nom des règles sociales, voudraient corriger ou punir un individu, ni prendre partie pour l'individu qui s'oppose aux règles sociales. Confucius a dit : « Hoà nhi bat dong »,  c'est-à-dire se montrer compréhensif et ouvert avec tout le monde (Hoà nhi) sans prendre partie (bât dông). Cela pourrait servir de règle de travail pous les psychologues cliniciens et thérapeutes.

En dehors des réactions sentimentales inconscientes, il faut bien se rendre compte que même avec une attitude aussi objective soit-elle, le psychologue qui observe et qui interroge voit toujours les choses à travers des concepts et des théories acquises. Tout comme une personne qui porte des lunettes voit toujours les choses par réfraction ; de même, les renseignements recueillis par le médecin, notés ne sont pas simplement le reflet direct des choses. Le psychologue doit à tout moment bien être conscient de quels concepts. Et théories il utilise dans tel cas précis. En résumé, il faut savoir maîtriser ses sentiments ainsi que sa façon de voir les choses. Le psychologue ne doit pas se contenter d'apprendre pour seulement élargir ses connaissances et posséder son métier, mais il doit encore s'exercer à acquérir la maîtrise de soi-même.

 
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