NT Foundation - Une nouvelle approche clinique du Centre NT Nguyen Khac Vien
 
 
 
 
Une nouvelle approche clinique du Centre NT Nguyen Khac Vien

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Maternelle et éducation prioritaire

Le regard d’une Américaine sur la scolarisation en maternelle

Shanny Peer, directrice des programmes éducatifs de la French-American Foundation, New-York, États-Unis


Quelles sont les raisons qui ont présidé à votre voyage d’étude sur les écoles maternelles situées en ZEP ou en REP ?
Notre association avait déjà organisé plusieurs voyages d’études et publié une série de rapports sur la politique de la petite enfance en France. À chaque fois, l’idée était d’étudier le modèle français et d’identifier les « leçons » que les États-Unis pourraient tirer de l’approche française. Il faut préciser qu’aux États-Unis la politique de la petite enfance n’est pas très développée, et mes prédécesseurs à la Fondation1 ont pensé qui si nous pouvions diffuser des informations sur la politique française dans ce domaine et sur l’existence de très bonnes structures qui sont mises en place, nous pourrions ainsi contribuer à l’évolution de la politique de la petite enfance dans notre pays.

La Fondation a d’abord étudié les structures qui existent en France pour l’accueil des enfants de zéro à trois ans, comme les crèches, le système des assistantes maternelles, etc. Ensuite, nous nous sommes intéressés à l’organisation des PMI et enfin à l’école maternelle. Notre voyage d’étude sur la politique de l’éducation prioritaire a été conçu comme la suite logique de notre travail sur l’école maternelle. Nous avons surtout cherché à comprendre la façon dont la politique de l’éducation prioritaire s’appliquait à l’école maternelle et nous avons publié un rapport à l’issue de cette visite.
Nous nous sommes intéressés aux ZEP parce que nous pensions que l’approche française pouvait offrir un modèle intéressant. En effet, il s’agit d’un système national et universel qui donne la même éducation à tous les enfants mais qui investit des ressources supplémentaires dans les écoles maternelles qui accueillent des élèves défavorisés, plutôt que de les négliger entièrement ou, au mieux, de les mettre dans un programme à part comme nous le faisons aux États-Unis. Je m’explique : aux États-Unis, nous n’avons pas de système national pour l’éducation préélémentaire et, pour les enfants de moins de cinq ans, ce sont les parents qui paient s’ils désirent les inscrire dans une école privée ou les mettre à la crèche, les crèches pouvant être très chères surtout si elles sont de bonne qualité. Par contre, les enfants issus de familles défavorisées peuvent être inscrits dans un programme comme « Head Start » qui est un programme financé par l’État fédéral et qui est destiné uniquement aux enfants pauvres. Il existe aussi de plus en plus d’États qui mettent en place des programmes d’éducation préélémentaire, ce que nous appelons des « state pre-kindergarten programs », et qui sont eux aussi pour la plupart réservés aux enfants vivant au-dessous du seuil de pauvreté. Peu à peu, le public et les législateurs américains évoluent vers l’idée que la société a une responsabilité dans le domaine de l’éducation des jeunes enfants et qu’il est nécessaire de fournir une éducation préélémentaire aux plus pauvres. L’objectif, comme avec « Head Start », est de leur donner un peu d’avance, une sorte de « coup de pouce » avant leur entrée à l’école élémentaire.


Mais l’approche américaine avec ce type de programmes compensatoires conduit à une homogénéité socio-économique totale car les enfants pauvres ne se retrouvent qu’entre eux alors que la mixité sociale pourrait au contraire beaucoup leur apporter. Les écarts entre les classes sociales persistent aux États-Unis et nous pensions que la politique ZEP avait peut-être pu les réduire en France. Je note en passant que nous avons appris que les écarts entre catégories socio-économiques continuent à exister en France, même s’ils ne sont pas aussi importants qu’aux États-Unis. Un autre inconvénient de l’approche américaine et des programmes éducatifs compensatoires destinés aux enfants pauvres est l’absence de soutien public et politique, comme cela aurait été le cas s’ils avaient été universels (comme le programme Medicare qui est une couverture médicale pour les personnes âgées). De ce fait, leur financement public n’est jamais garanti. Avec un système national destiné à tous les enfants, quelle que soit leur appartenance sociale, comme c’est le cas en France, le soutien et le financement public seraient davantage assurés et cela garantirait aux enfants issus de milieux défavorisés des ressources éducatives supplémentaires.


Qu’est-ce qui vous paraît spécifique dans la politique française développée dans les maternelles de ZEP ?
Nous avons souligné, dans notre rapport, certains éléments qui nous sont apparus comme particulièrement intéressants. Ainsi, pour ce qui concerne la scolarisation précoce avec laquelle les Américains ne sont pas du tout familiarisés, nous avons été très attirés par ce que vous appelez les « lieux passerelles » pour faciliter l’entrée à l’école maternelle des enfants de deux ans. Les rapports entre l’école, la famille et la communauté ne sont sans doute pas identiques en France et aux États-Unis et nous avons été séduits par exemple par la mise en place d’« adultes-relais » et par les collaborations qui se construisent entre l’école, les services sociaux et les autres partenaires éducatifs. Un autre élément de réflexion a été l’approche française des enfants non francophones et l’accent mis sur l’apprentissage de la langue française dès la maternelle. En effet, aux États-Unis, nous sommes extrêmement sensibles au fait qu’il existe une multiplicité de langues et de cultures sur le territoire américain, et la plupart des éducateurs insistent sur la nécessité de représenter et de respecter les différences culturelles dans le cadre même de l’école. Il existe beaucoup d’écoles ou de classes bilingues, le plus souvent en anglais et espagnol, dans les écoles américaines, ce qui nous a semblé beaucoup plus rare en France. Nous avons simplement noté cette différence et souligné l’accent mis en France sur l’apprentissage d’une langue nationale dès le plus jeune âge. Il me semble que les différences de conception entre nos deux pays sont telles que nous n’avons pas envisagé qu’une approche semblable soit adoptée aux États-Unis.

Consulter

Le site de la French-American Foundation
> www.frenchamerican.org/

Propos recueillis par Joce Le Breton,
coordinatrice REP à Paris


1 La French-American Foundation est une association qui vise à développer un dialogue actif entre la France et les États-Unis sur des questions de société.

© DGESCO/SCÉRÉN-CNDP, 2004

http://www.educationprioritaire.education.fr/dossiers/maternelle/interviews/le-regard-dune-americaine-sur-la-scolarisation-en-maternelle.html

 

 

 

 

La clinique du sujet:

première expérience dans le CMPP de Dong Da à Hanoi-Vietnam

Minh Duc NGUYEN

Psychologue clinicien,

Diplômé à l'Université de Toulouse le Mirail,

 travaillant au CMPP de Dong Da, Hanoi, Vietnam

En tant que psychologue clinicien, que peut-on choisir comme orientation théorique, surtout au début de sa carrière? La clinique du signe ou la clinique du sujet? Cette question se pose devant les étudiants vietnamiens qui veulent se spécialiser en psychologie clinique. Le plus souvent, après avoir eu le diplôme universitaire, chacun devrait effectuer un parcours long et difficile pour pouvoir confirmer clairement son choix.

Pourqoi pense-t-on à la clinique du signe?

La clinique du signe est ce qui se donne à voir chez un patient, ce qui est recueilli par un psychologue ou un psychiatre qui rassemble et met en rapport divers signes. De cette mise en ordre, il extrait une signification et de cette signification découlera le "remède" à donner, l'action à mener, la rééducation à suivre. Dans la clinique du signe, l'objectif est la réduction du signe, partant de l'hypothèse que le patient ira mieux, grâce à cela (Lescarret, 1997).

Il me semble que c'est une logique très attirante pour un grand nombre d'étudiants de psychologie au Vietnam qui a passé une longue période à refuser la psychanalyse et à mettre l'accent sur les aspects conscient, cognitif, expérimental et comportementaliste de la psychologie. Il est évident que, de ce point de vue, cela a l'air scientifique, car "c'est observable, palpable, mesurable"...

Cette orientation théorique peut être favorisée par une très forte pression de la part des patients et des familles: ils veulent que le psychologue leur donne des explications exactes, des conseils clairs, des remèdes efficaces et guérisse rapidement leurs problèmes. C'est une situation très répandue dans les pays en développement où la psychologie clinique est encore considérée, par la plupart des gens, comme quelque chose d'étrange ou comme un luxe.

Malgré cette tendance, une psychologie clinique différente, avec ses approches très ouvertes a été instaurée au Vietnam, grâce au docteur Nguyen Khac Vien qui a créé la Fondation N-T en 1989 (une ONG s'occupant des recherches, des consultations psycho-médico-thérapeutiques des enfants et des adolescents). Dès le début de la psychologie clinique au Vietnam, le docteur Nguyen Khac Vien nous a rendu vigilants vis-à-vis des conséquences négatives de la clinique du signe pour éviter de mécaniser et d'objectiver le monde psychique de l'homme selon le modèle des sciences exactes (Nguyen Khac Vien, 2001).

Que nous apporte la clinique du sujet?

La clinique du sujet abordée ici est à l'opposé de la clinique du signe, car elle puise son originalité dans les avancées de la psychanalyse: un véritable renversement de perspective.

Pour sa part, la clinique du sujet s'organise autour de l'hypothèse freudienne selon laquelle tout ce qu'amène le sujet a un sens, et que ce sens ce n'est pas le clinicien qui en dispose, mais le sujet. Si bien que chez Freud, l'autre n'est pas l'objet d'un savoir, mais le sujet d'un dire. Un dire qui ne vient pas d'emblée, mais qui se déroule, qui s'élabore et qui a une dimension historique et personnelle. Un sire qui, soutenu par la présence active du clinicien, permet au sujet de se placer par rapport à la relation de désir, de se situer par rapport à la question de la jouissance, de prendre en quelque sorte ses responsabilités en tant que sujet (Lescarret, ibid).

Ces idées nous sont très précieuses, notamment pour notre choix clinique au Vietnam. Grâce au docteur Vien, nous avons été initiés à ces principes de base de travail clinique. Ces discussions, son analyse sur des cas cliniques ou sur nos observations cliniques dans lesquelles il a joué le rôle de superviseur, ses critiques sur nos explications cliniques quasi linéaires ou de cause à effet...nous ont énormément aidés pendant notre première étape de travail clinique au Vietnam.

Dans le cadre des activités thérapeutiques du CMPP de Dong da, nous citerons ici notre première expérience selon l'approche de la clinique du sujet: mettre l'enfant en position du sujet. Sur le plan théorique, cette idée a l'air facile à comprendre, mais dans la pratique clinique, c'est très difficile de la mettre en oeuvre au sens exact et concret du terme. Nous, jeunes cliniciens, avons passé plusieurs années pour régler nos erreur autour de ce principe, malgré les leçons initiales du docteur Vien et de nos professeurs français.

Une des erreurs très répandue au début de notre travail clinique au CMPP, c'est de n'avoir pas beaucoup écouté l'enfant, mais essentiellement les parents. Dans une société ayant pour tradition de faire confiance aux parents et aux adultes beaucoup plus qu'à l'enfant, nous nous sommes souvent laissés influencer par ce préjugé. Cette tendance s'est parfois manifestée très naturellement, surtout devant les enfants à problème que leurs parents appellent paresseux, menteurs, voleurs, insolents, turbulents...c'est-à-dire ceux qui n'ont aucune valeur aux yeux des parents. Nous avions d'habitude de croire tout ce que les parents disaient de leur enfant, en oubliant de demander à l'enfant de nous donner son point de vue...

Dans les entretiens préliminaries, le plus souvent, les parents parlaient à la place de leur enfant, nous prenions attentivement des notes, sans penser à faire s'exprimer l'enfant, car nous croyions que tout ce qui était dit par les parents était vrai et suffisant...Mais après avoir dépassé cette "étape naïve", nous avons commencé à poser directement à l'enfant des questions concernant son problème, malgré les informations fournies par ses parents, ses maîtres, et par nos collègues, et nous avons trouvé un autre monde psychique de l'enfant, beucoup plus vrai et plus intéressant que celui exprimé par les adultes. Nous savons qu'il y a un grand nombre d'enfants qui vont au CMPP sans connaître exactement le motif de la consultation, car les parents ne leur ont pas dit clairement à l'avance où ils vont être amenés, avec qui ils vont travailler...Plusieurs enfants, après quelques séances, pensent toujours qu'ils doivent aller y jouer, à la demande de leurs parents. Un grand nombre de parents n'ont pas l'habitude de dire clairement tout ce qu'ils vont faire avec leurs enfants, certains veulent cacher le vrai motif de prise en charge au CMPP, il y a même des cas où les parents donnent des remèdes anti-épileptiques, ou antidépresseurs en leur disant "tu vas prendre des médicaments toniques, des vitamines"... Et c'est le psychologue qui doit aider l'enfant à bien comprendre pourqoi il va au CMPP, quel est son problème, avec qui il va pouvoir l'aborder, qu'est-ce-qu'il peut faire au CMPP, ainsi que toutes vérités qu'il veut connaître,... en l'écoutant attentivement, en accueillant toutes ses questions, même parfois très bizarres. De cette façon, nous avons commencé à construire un cadre thérapeutique permettant à l'enfant de différencier le CMPP par rapport à d'autres lieux de soin, de loisir,...de se mobiliser par rapport à son symptôme et surtout par rapport à lui-même, et ainsi de contribuer à de possibles évolutions.

Ces premières leçons cliniques ont l'air très simples et modestes, mais parfois elles nous montrent très nettement leurs effets. Je me souviens d'une séance où je jouais le rôle de superviseur pour une étudiante de psychologie qui était en train d'observer une petite patiente, Hoa, qui a recours à notre CMPP, cinq jours par semaine, comme une sorte d'hôpital de jour. Comme d'habitude, la petite Hoa se dirige vers l'étudiante, prend sa main, lui donne un morceau de craie et l'amène au tableau en faisant signe de lui demander de l'aider à écrire. L'étudiante prend la main droite de Hoa de sorte que sa main soit au-dessus de la main de Hoa. C'est une façon que les parents et les adultes vietnamiens utilisent très souvent pour aider l'enfant à écrire). En voyant cela, je lui ai demandé d'inverser la position de sa main, de façon que la main de la petite Hoa soit au-dessus de la sienne. Elle a suivi ma suggestion en disant même à la petite Hoa "je veux que tu m'aides à écrire" et elles ont écrit ensemble les lettres que Hoa dictait. Grace à ce petit changement dans le jeu, la petite Hoa a fait beaucoup de progrès dans la séance suivante: elle a su prendre la main des marionettes en bois pour "leur apprendre à écrire". Depuis ce jour-là, elle peut écrire et dessiner toute seule, mais surtout elle n'a plus besoin, comme avant, de prendre la main de l'étudiante pour lui demander de l'aider à écrire.

Ainsi, de cette mise de l'enfant en position de sujet nous apprenons beaucoup de lui et nous attendons toujours les matériaux cliniques qu'il nous donnera, sans avoir besoin de nous hâter d'interpréter les informations initiales issues de son anamnèse et/ou des premiers entretiens, sans penser à régler ses comportements selon l'approche rééducative ou comportementale. Cette façon de travailler nous permet, également, de faire bouger l'attitude et le comportement des parents qui ont l'habitude de considérer leur enfant comme un objet. Ceux-ci se plaignent souvent qu'après un certain temps de prise en charge au CMPP, leur enfant devient plus têtu, n'est plus sage ni obéissant comme avant, mais ils l'acceptent, car enfin leur enfant a fait beacoup de progrès. Parmi eux, il y a des parents ayant besoin d'un soutien psychologique et c'est également une autre mission que notre CMPP a commencé à assumer, à la lumière de la clinique du sujet.

En résumé, à partir de tout ce que la clinique du sujet nous apporte, nous apercevons, de plus en plus, l'intérêt de ce jeune métier de psychologue clinicien au Vietnam. Peut-être, pour un grand nombre de vietnamiens, la psychologie clinique est-elle encore un luxe, mais nous espérons qu'elle deviendra très bientôt un "luxe nécessaire", comme le docteur Nguyen Khac Vien, notre fondateur de la Fondation N-T le disait et le souhaitait.

                                   Extrait des lettres de l'ADEPASE

Une nouvelle approche clinique du Centre NT Nguyen Khac Vien

 

Nguyen Minh Duc

La Fondation NT Nguyen Khac Vien, dirigée par Mme Nguyen Thi Nhat, est un centre de recherche et de prise en charge de troubles psychologiques et de psychopathologie infantile, créé en 1989 par Nguyen Khac Vien.

Dès sa création, le docteur Nguyen Khac Vien a captivé l'attention de nombreux professionnels de différents domaines, psychologie, éducation, pédiatrie, psychopathologie, soins et protection de l'enfant...par ses activités de recherche, de traitement et de prévention de troubles chez les enfants. En tant que psychologue praticien ayant suivi ses premiers cours cliniques au Vietnam, j'apprécie son approche de la famille et ses orientations dans la coopération avec la famille afin de prévenir et traiter les problèmes concernant la santé mentale de l'enfant. Grâce à NT, j'ai pu comprendre les valeurs de la famille vietnamienne, les ressemblances et différences de la famille vietnamienne en comparaison avec la famille en Occident.

Presque tous les Vietnamiens considèrent la famille comme la souche fondamentale, ils ont tous besoin de définir leur statut non seulement dans la famille-noyau mais aussi dans la grande famille impliquant plusieurs générations et toute une lignée. Le lien étroit entre les membres de différentes générations fait que le bonheur et le malheur, les avantages et les difficultés de chaque famille ont un impact très fort sur le bonheur et le malheur de chaque membre. Plus de 1.500 dossiers de recherche sur les familles des enfants ayant des troubles psychologiques archivés à NT le montrent clairement, et cela confirme l'importance d'une stratégie à long terme dans la coopération avec la famille, afin de prévenir et de traiter les troubles psychologiques de l'enfant au sein de la communauté.

Mon parcours selon l'orientation clinique va de l'observation de l'enfant à l'échange et la prise en charge en famille. Dans mes premiers temps de psychologue clinicien, je portais, par manque d'expérience, mon attention uniquement sur l'observation. Les contacts avec la famille étaient alors simplement axés sur l'observation et la consultation, routine des pcychologues éducateurs et médecins. Pourtant la simple observation avait retenu l'attention de notre jeune génération car nous n'avions appris que des connaissances théoriques sur la psychologie et nous n'avions presque pas de pratique. C'est aussi grâce aux premières observations de la famille du patient que nous avons pu avoir des dossiers de recherche de valeur sur la famille. Au cours des 18 ans de pratique de la clinique, nous avons appris conscience au fur et à mesure que dans tout cas clinique, si on n'effectue pas une observation minutieuse et concrète de l'enfant-patient au sein de la famille, et qu'on passe immédiatement au traitement, le taux de succès est très bas.

Voici q uelques-unes de nos expériences concernant l'observation, l'échange et

la prise en charge en famille dans le cadre clinique du Centre NT Nguyen Khac Vien.

1-Observation

1.1. L'objectif de l'observation de l'enfant au sein de sa famille est de:

- chercher à comprendre les relations entre l'enfant et ses proches dans la famille;

- chercher à comprendre les activités ludiques, la vie quotidienne de l'enfant;

- vérifier les premières informations sur la famille, l'histoire, l'anamnèse de l'enfant fournies par ses parents lors des premiers entretiens dans la salle de consultation;

- motiver les membres de la famille, eux aussi, à observer l'enfant tous les jours;

- comparer les informations observées en famille avec celles reçues dans la salle de thérapie pour interpréter les signes de difficultés de l'enfant.

1.2. Mode d'observation: observation directe, avec comme support une caméra (filmer une fois toutes les deux semaines, si sa famille l'accepte, les signes dans la vie quotidienne de l'enfant).

1.3. Le temps de l'observation: une fois par semaine, une heure par séance, la date et l'heure de l'observation étant décidées avec la famille.

1.4. Le fond de l'observation:

- les interations entre l'enfant et les membres de la famille à travers la façon de lui donner à manger, de jouer avec lui, de lui apprendre la bonne conduite avec les adultes et l'autonomie dans la vie quotidienne;

- les objets, les jeux préférés;

- les endroits fréquentés;

- son endroit préféré pour manger, dormir;

- les signes culturels et de croyance de la famille...

2- Entré en contact

2.1. L'objectif de l'échange est de:

- créer une meilleure coopération entre le centre de thérapie et la famille dans le soin de l'enfant;

- aider la famille à comprendre les points forts et les difficultés de l'enfant pour l'aider efficacement et éviter le désespoir, le découragement ou les illusions de pouvoir guérir rapidement sans s'investir du temps et de moyens;

- aider la famille à changer son comportement en favorisant l'évolution de l'enfant; aider la famille à donner des idées, des propositions positives dans le soin des enfants ayant des troubles psychologiques.

2.2. Mode d'entrée en contact:

- Echange, discussion de ce qui est observé, commentaires indépendants de chaque membre de la famille et du clinicien;

- revoir ensemble avec la famille les films sur les "moments brillants" de l'enfant dans la vie quotidienne pour les analyser, interpréter et faire des remarques;

- le clinicien joue le rôle d'un animateur de l'échange pour que les proches dans la famille de l'enfant puissent proposer des solutions pour changer le comportement des adultes en faveur de l'enfant.

2.3. Le temps de l'échange: il est programmé dans la séance d'observation chez la famille de l'enfant, essentiellement après la première étape d'observation (après quatre venues dans la famille de l'enfant). Il arrive aussi des cas où le problème de l'enfant est trop grave et urgent ou que la famille propose qu'on peut faire l'échange avec elle dès les premières séances d'observation, mais celui-ci doit être assuré par un professionnel expérimenté.

2.4. Contenu de l'échange:

- privilégier les contenus proposés par la famille;

- si la famille ne propose pas de contenu, le clinicien peut discuster avec elle sur le plan de l'échange des problèmes de l'enfant et de la famille, surtout les problèmes qui empêchent le développement de l'enfant. Ceux-ci peuvent être:

+tentation suicidaire;

+ abandon de la maison, fuite de l'école, toxicomanie, dépendance au tabac, aux jeux vidéo;

+ l'enfant est en opposition avec des méthodes d'enseignement, avec l'éducation rigoureuse de ses parents;

+ énurésie, onanisme, cauchemar, souvent excité quand il dort avec ses parents;

+ l'enfant vit souvent les conflits familiaux;

+ difficulté de communique avec les proches...

3- Prise en charge en famille

3.1. L'objectif de la prise en charge est de:

- aider l'enfant à s'intégrer dans l'environnement familial dans les activités quotidiennes; aider l'enfant à un point de vue plus positif avec les membres de la famille;

- aider l'enfant à surmonter les difficultés dans la relation avec chaque membre dans la famille, à savoir l'attachement excessif avec quelqu'un (normalement avec sa maman) ou l'indifférence avec certains autres;

- aider l'enfant à développer sa communication, son langage grâce à la prise en charge d'interaction duelle et de groupe familial;

- créer la solidarité dans la relation familiale en mettant en place un environnement sécurisant afin d'aider l'enfant psychologiquement;

- aider les adultes à décharger les tensions psychologiques, les conflits intérieurs et à se mettre à la place de l'enfant pour le comprendre et pour le mieux aider.

3.2. Mode de prise en charge en famille

-Prise en charge par la reconstruction des interactions duelles dans la famille pour aider l'enfant à surmonter les difficultés dans la relation avec les membres dans la famille;

- Reconstruction des interactions de l'enfant avec le groupe familial, y compris tous les membres dans la famille-noyau;

- Elargissement de l'interaction de l'enfant dans le grand groupe de la famille (d'ordinaire une famille de trois générations).

3.3. Le temps de la prise en charge est programmé dans le temps pour l'observation hebdomadaire dans la famille de l'enfant. Le clinicien discuste du plan de la prise en charge avec la famille pour que toute la famille puisse se préparer. En même temps de celui de l'observation chez la famille de l'enfant, la prise en charge d'interaction duelle peut se réaliser une fois toutes les deux semaines, la prise en charge d'interaction en groupe familial une fois toutes les deux semaines. Comme avec l'échange avec la famille, les activités thérapeutiques se réalisent après un mois d'observation chez la famille de l'enfant.

3.4. Les activités thérapeutiques menées chez la famille:

- Organiser les repas thérapeutiques familiaux pour aider l'enfant à trouver la solidarité entre les membres de la famille, à partager ses émotions avec ses proches;

- Organiser les activités de chant et de danse pour toute la famille à partir des chansons, des jeux préférés de l'enfant pour que tout le monde puisse se serrer la main, créer un rond sécurisant comprenant les membres de la famille qui sont prêts à aider l'enfant;

- Créer des scénarios psychologiques et encourager les membres de la famille à participer avec l'enfant, on peut inverser le rôle: les adultes peuvent jouer le rôle d'un élève et l'enfant joue le rôle d'une vieille personne, d'un professeur, d'un parent...:

- Filmer les activités d'intégration de tous les membres de la famille et faire voir à l'enfant et à tout le monde les "moments brillants" de l'enfant, afin d'aider l'enfant à prendre confiance en lui et de sa relation avec les proches, et à reconnaître ses signes positifs;

- Discuster ensemble avec les membres de la famille des signes positifs de l'enfant et de ses difficultés pour donner une perspective pour la prise en charge de la prochaine étape.

 

Conclusion

En bref, le fil conducteur de ces étapes cliniques du Centre NT est le sentiment sincère des psychothérapeutes envers l'enfant et la famille de l'enfant qui est le berceau affectif de l'enfant.

L'enfant devant nous est un enfant en souffrance. Il est seul dans un cercle obscur, froid, cela l'isole de tous les membres de la famille, en particulier de ceux qui sont les plus affectueux.

La mission du thérapeute est de créer des conditions favorables pour sortir l'enfant de ce cercle obscur, de cette solitude qui le rende plus anxieux et peuvent lui faire vivre des colères extrêmes...

La famille regroupe les personnes les plus proches de l'enfant mais qui ne  le comprennent pas forcément, ne savant pas parler ou jouer avec lui, et qui peuvent avoir des points de vue ou des actions qui ne lui plaisent pas. A l'opposé, certains l'aiment trop, sont trop attachés à lui, le serrent trop, tellement qu'il ne peut pas s'en échapper pour vivre normalement.

Devant cette situation, le thérapeute doit apporter à l'enfant et à sa famille une affection, une compréhension sincère comme une personne dans la famille qui veut vraiment aider la famille à comprendre son enfant.

Dès le premier contact, le thérapeute doit avoir un visage syntone, des regards affectueux, des sourires doux, il peut attirer l'enfant et lui faire comprendre qu'il y a quelqu'un de gentil envers lui, de fiable, de contactable et d'amusable...ainsi l'enfant va venir tout seul vers le thérapeute, avec joie, après seulement quelques minutes de rencontre.

Grâce à cela, les parents vont se sentir rassurés, ils auront confiance en nous et nous accueilleront avec joie pour continuer l'échange.

Pour parvenir à ce résultat, le thérapeute doit s'entrainer avec de grands efforts pour avoir un visage relaxant, rassurant, affectueux. Le thérapeute ne doit montrer aucune indifférence, aucune colère devant l'enfant et sa famille, il doit se comporter en tant qu'un membre de la famille et non pas comme un inconnu.

On peut dire que c'est l'exigence la plus rigoureuse de NT vis-à-vis de ses psychothérapeutes. Heureusement après quelques années de fonctionnement, la plupart des psychologues ont commencé à connaître des succès: c'est la force de notre Fondation NT, et c'est aussi la clé de notre succès...

Illustration à travers le vidéo de Minh Anh

Minh Anh est un garçon de trois ans, emmené par ses parents à notre centre depuis mars 2007. Il présente des signes cliniques suivants: ne veut pas parler, ne veut pas jouer avec les amis mais préfère jouer tout seul, ne sait pas appeler les adultes quand il veut faire pipi, tire la main de sa mère pour lui demander de lui prendre ses objets préférés, ne mange pas tout seul mais avec sa mère qui doit lui donner à manger. Sa famille l'a emmené dans un établissement médical et il avait été diagnostiqué comme autiste, cela a rendu toute la famille anxieuse.

Sa famille regroupe trois générations à savoir ses grands-parents, ses parents et deux fils. Il est l'enfant cadet, il a onze ans de moins que son fère. Son père est ouvrier à Hanoi, il va au travail le matin et rentre chez lui le soir. Sa mère vend de petites choses dans un marché près de chez lui et elle peut rentrer le midi et l'après-midi pour s'occuper de ses fils. Nos premières observations montrent que Minh Anh est très attaché à sa maman et qu'il s'assoit souvent sur les genoux de sa mère. Chaque repas, il est souvent isolé de sa famille pour que sa mère lui donne à manger avant le repas. Pendant que sa mère joue avec lui, les deux sont très près l'un de l'autre: l'enfant s'assoit sur les genoux de sa mère et sa mère elle aussi le serre fort avec des gestes tendres, des mots affectueux (c'est l'interaction assez classique des couples mère-fils cadet dans les familles citadines actuelles au Vietnam). Nous avons discusté avec la famille sur la procédure pour aider Minh Anh à travers les jeux et les activités quotidiennes. À propos de l'alimentation, avec la famille, nous avons préparé et mis au point pendant plusieurs séances pour parvenir à un modèle du repas familial thérapeutique. Le résultat était surprenant. Après deux mois d'observation et d'échange et de répétitions, et de perfectionnement du scénario, nous avons réussit avec un repas familial. Il ne s'assoit plus sur les genoux de sa mère mais sur une chaise avec un visage joyeux durant le repas, il a montré des plats et a bien répondu à des questions de sa mère et d'autrui.

Parallèle aux repas familiaux chaque jour, nous avons aussi discusté de chansons, des mélodies que Minh Anh aime, pour organizer des chants et danses collectives afin de rassembler les membres de la famille. Après trois mois de répétitions, nous avons eu de nouveaux succès. Il a accepté de s'amuser avec des proches de la grande famille (sa grand-mère maternelle, ses cousins, cousines, et deux psychologues de NT) à travers des chansons, des jeux représentant l'affection, quand tout le monde se serre la main et fait un rond. Grâce à ces activités, il a connu de bons progrès. Avant il s'asseyait sur les genoux de sa mère, maintenant il peut chanter avec les autres en faisant un rond, il peut se détacher de sa mère pour s'asseoir entre deux psychologues, il a même accepté de porter une cousine (fille de son oncle) et de s'asseoir devant elle. Le sommet de cette évolution est d'avoir pu prendre le micro pour lire un poème au milieu d'un rond réalisé par ses proches. Maintenant, son langage parlé a beaucoup évolué, il a pu communiquer, bien répondre aux questions. Il ne s'attache plus trop à sa mère. Après le repas familial, il aime s'asseoir à côté de sa mère ou en face de sa mère pour jouer aux jeux éducatifs tells que nommer des animaux, des plantes et des fruits. Il chante aussi les chansons révolutionnaires que son père chantait. Sa famille était très contente de la coopération des thérapeutes familiaux de notre centre.

Bibliographie

  1. Nguyễn Khắc Viện, Tâm lý lâm sàng trẻ em Việt Nam (Psychologie clinique des enfants vietnamiens), Edition Médecine et Centre de recherché de psychologie infantile, Hanoi, 1999.
  2. Nguyễn Khắc Viện, Từ điển tâm lý (Dictionnaire de psychologie), Editions en langues étrangères et Centre de recherché de psychologie infantile, Hanoi, 1991.
  3. Nguyễn Khắc Viện, Tâm lý gia đình (Discussion de la psychologie familiale), Editions Kim Dong et Centre de recherché de psychologie infantile, Hanoi, 1993.
  4. Nguyễn Khắc Viện, Nỗi khổ của con em chúng ta (Les souffrances de l'enfant), Centre de recherché de psychologie infantile, Hanoi, 1993.
  5. Nguyễn Khắc Viện, Santé et civilisation asiatique, Colloque international sur Louis Pasteur, organisé par l'Institut Pasteur de Paris et l'UNESCO, Hanoi, février 1995.
  6. Hồ sơ về gia đình Việt Nam (Dossier sur la famille vietnamienne), annuaire à l'occasion de la Journée internationale de la famille, Centre de recherche de psychologie infantile, 1992.
  7. Yvonne Castellan, La famille, traduction vietnamienne de Nguyen Thu Hong et Ngo Du, Editions The Gioi, Hanoi, 1996.

  

Méthode clinique en psychologie

              Docteur Nguyen Khac Vien

La méthode d'approche fondamentale pour l'étude des troubles psychologiques est la méthode clinique.

Le mot clinique est un terme médical qui signifie étymologiquement contact direct avec le malade pour l'ausculter et le traiter. Par la suite, la méthode clinique s'est étendue à la psychologie. Nous allons présenter la méthode clinique en médecine de façon générale puis nous aborderons la méthode clinique en psychologie plus en détail, et tout particulièrement la méthode clinique en psychologie infantile.

1. La méthode clinique en médecine

Un malade vient de lui-même ou sur la demande de la famille ou d'un organisme social, consulter un médecin pour faire le diagnostic et le traitement de la maladie. Ainsi le médecin doit répondre à l'attente d'un cas, d'une personne concrète et, au minimum, il doit répondre aux questions que se pose le malade : De quoi suis-je malade ? Comment Médecine soigner ? Quel en est le diagnostic ? Ici, nous ne pouvons pas faire de la science où l'on peut attendre que le problème  soit clair pour arriver à une conclusion ; les médecins peuvent se consulter entre eux mais ils ne peuvent pas prolonger le débat éternellement parce qu'il faut répondre rapidement à la question : que faire maintenant ? Ici, nous ne trouvons pas devant un problème « macro », c'est à dire commun à un groupe de personnes comme en sociologie, mais l'on a affaire à un problème « micro » concernant un individu concret, où les méthodes statistiques ne peuvent pas être appliquées. Il faut appliquer la méthode de base d'étude du cas par cas (cas stady).

Le mot clinique a un sens étroit et un sens large. Le sens étroit, c'est la consultation directe avec le malade. Lors de la consultation, l'utilisation des sens est importante (la vue, l'ouie, le toucher, l'odorat et le goût - dans temps, où il n'y avait pas encore de test clinique, le médecin devait goûter à l'urine du malade pour déceler le diabète) pour identifier la maladie. Un bon clinicien est celui dont les sens sont aiguisés, lui permettant de percevoir les signes les plus subtils de la maladie. La deuxième étape est d'interroger sur l'existence des symptômes, sur la vie du malade, et son histoire ; le médecin peut aussi s'enquérir auprès des gens proches du malade. La troisième étape est la consultation des dossiers (s'il y en a) où sont inscrits les faits relatifs à la santé du malade.

Les informations données lors des consultations par le malade ou ses proches et recueillies par le médecin lors de la consultation sont de nature subjective. Le développement de la médecine moderne permet de compléter ces informations par des données objectives, S'appuyant sur les grands progrès de la physique et de la chimie, la biologie a fourni à la médecine des outils et des tests de plus en plus précis. La médecine d'aujourd'hui est principalement devenue une biomédecine qui utilise des biotechnologies de haut niveau. Cette médecine qui se base sur des tests techniques s'appelle la paraclinique. Elle joue un rôle de plus en plus important et le rôle subjectif de médecin diminue alors que l'interview des malades est négligée. Il en est de même des traits subjectifs du malade qui s'estompent en même temps que les relations médecin-malade.

Le terme clinique  au sens large intègre tous les renseignements paracliniques qui permettent de faire le diagnostic et de donner des indications thérapeutiques concrètes précises. Un bon clinicien est celui qui est capable de faire un diagnostic juste à partir de données provenant de différentes sources et de donner les bonnes indications thérapeutiques. Selon cette définition au sens large, la clinique est l'ensemble de tout un processus qui comprend plusieurs étapes : consultation-entretien-tests-hypothèses de diagnostic-démonstration de cette hypothèse, si l'hypothèse s'avère fausse, d'autres informations sont recherchées-traitement d'épreuves et suivi de l'évolution des symptômes pour confirmer l'exactitude du diagnostic préliminaire. Dans certains cas, les tests d'analyse médicale sont capables d'établir le diagnostic d'une entité morbide déjà clairement décrit dans la littérature médicale. La classification des maladies (nosographie) a déjà commencé à être établie depuis des millénaires mais c'est surtout depuis le XIXe siècle qu'elle est basée sur la clinique, sur les études de recherche des causes de la morbidité (étiologie) et sur les mécanismes de la maladie (pathogénie). Si l'on peut détecter de façon précise la cause d'une maladie pouvant être une bactérie ou une substance toxique et connaître à un plus haut niveau le mécanisme de la maladie, on peut alors proposer un modèle linéaire du processus morbide : Etiologie A → maladie B (causalité linéaire). Si tout se déroule suivant ce modèle, il ne sera pas difficile d'utiliser l'ordinateur pour réaliser le diagnpstic et le traitement sans pratiquement avoir recours au sens clinique du médecin. Auparavant, cela demandait au médecin beaucoup d'années d'expériences afin d'acquérir une bonne sensibilité clinique ; même si l'on disposait d'appareils sophistiqués en conjonction avec l'informatique pourrait-on se passer de cette sensibilité ?

II. La méthode clinique en psychopathologie

Depuis le début du XIXe siècle, où les malades mentaux commencent à être admis dans les hôpitaux, la médecine a entrepris d'étudier les différentes maladies mentales en suivant la démarche qui va de la clinique jusqu'à la détection des lésions dans le corps, essentiellement dans le cerveau selon la théorie qu'à toute maladie correspond une lésion donnée dans une partie du corps. Cette lésion peut être soit facile à voir soit difficile à déceler, nécessitant alors l'utilisation de moyens technologiques sophistiqués pour sa détection. Des symptômes sans lésion décelable seraient dus au fait que l'on ne dispose pas d'outils sensibles, et que, tôt ou tard, des moyens technologiques appropriés seront en fin de compte découverts. C'est le point de vue de l'organicisme. Vers la fin du XIXe siècle, des lésions ont été décelées dans très peu de maladies mentales et c'est pourquoi, l'on a vu se développer deux écoles en médecine :

- La première école conserve l'hypothèse de l'existence des lésions organiques et poursuit les recherches en biologie. Le point de vue de ctte l'école  a été renforcé par les résultats obtenus en biochimie et en biologie moléculaire parallèlement aux progrès réalisés dans les neurosciences et avec le découverte des psychotropes et des neurotransmetteurs depuis 1952.

- La deuxième école soutient l'idée que dans toute maladie mentale, avec des lésions organiques évidentes ou non, la subjectivité du patient est un facteur déterminant. L'intelligence, l'affectivité, la pensée, la volonté, l'idéal qui se regroupent sous le concept de « psychisme » ne peuvent pas être abordés à l'aide de moyens technologiques uniquement. Une approche psychologique nécessite des moyens spécifiques. On peut dire que, depuis des millénaires, un riche capital d'expériences et de connaissances en psychologie s'est accumulé. Il s'exprime à travers le langage, la littérature, l'éthique, la philosophie. Mais ce ne sont essentiellement que des intuitions. Il a fallu élaborer une psychologie qui puisse maîtriser ces expériences intuitives. A partir de ce point de vue, il y a eu le développement de plusieurs théories permettant d'expliquer les phénomènes psychologiques et psychopathologiques. Les pricipales théories actuelles vont être présentées dans les chapitres suivants, mais il faut dire, dès le début, qu'aucune théorie n'a été unanimement reconnue. Ainsi, vis-à-vis d'une théorie, à part un petit nombre d'adeptes qui la défendent à fond, la plupart des psychologues dans le monde adoptent une attitude « éclectique ». Une théorie ou une autre est appliquée selon les circonstances, les cas et les époques. Il faut aussi reconnaître dès le début que, bien que la psychologie moderne ait beaucoup progressé, elle n'a pas encore réellement atteint un niveau scientifique au sens étroit du terme, comme en sciences naturelles. Cela ne signifie pas que l'on nie l'efficacité de la psychologie dont on commence à voir son rôle important dans tous les domaines de la vie, mais on veut parler ici des limites de cette sciences et mettre en garde l'étudiant et le chercheur sur le fait que la psychologie, qui est une discipline où l'on tâche de comprendre l'homme sous tous ses aspects, requiert des connaissaces fondamentales englobant plusieurs domaines : la biologie, la sociologie, la philosophie et la littérature.

 

 

Diagnostic - thérapie

                                                                             Nguyên Khac Vien

Comme cela se pratique en médecine, pour pouvoir passer de la phase d'analyse à une conclusion il faut avoir préalablement rassemblé les informations sur les situations actuelles et passées de la personne et de son environnement. De la même façon qu'en médecine, on s'efforce de systématiser les indices collectés, c'est à dire que l'on remplace le vocabulaire descriptif qui emploie des mots courants par des termes qui appartiennent à un système de références donné. Par exemple, si l'on veut décrire un malade apathique complètement découragé, le terme de dépression sera utilisé dans l'analyse. L'utilisation plus ou moins fréquente de ce terme dépendra du système de référence donné et donc d'une théorie donnée. C'est pourquoi, dans la méthode clinique pure, on n'utilise pas de matériel d'expérimentation et c'est à peine si les observations sont faites à l'aide d'une quelconque appareillage (observations non armées), ce qui diffère de l'observation armée car en fait, le pur clinicien possède en soi tout un système très riche en concepts et notions qui ont été formés au cours des expériences et de l'apprentissage. C'est justement pour cette raison qu'un clinicien très expérimenté peut établir un diagnostic très précis sans avoir eu recours à des tests.

A partir d'un travail d'analyse et de synthèse, on peut arriver à une hypothèse sur l'étiologie et la pathologie d'une maladie. Ensuite, en approfondissant l'examen, l'interrogation, l'enquête et en effectuant des tests selon une certaine orientation, on cherche les élements qui puissent valider l'hypothèse. Si l'on ne trouve pas ces éléments, l'hypothèse sera écartée et une nouvelle hypothèse devra être émise. Dans la méthode clinique au sens large, c'est tout un processus d'élimination d'hypothèses non confirmées qui fait que l'on arrive à établir le bon diagnostic : c'est le résultat d'un traitement d'épreuve qui permettra de confirmer ou non l'hypothèse avancée. Certains auteurs confondent les tests mentaux avec les tests de diagnostic s'appuyant sur les résultats des tests pour établir leur diagnostic psychologique.

Le plus important est de pouvoir tout d'abord établir un diagnostic qualitatif, déterminer une forme de maladie claire qui a déjà été classifiée comme une entité nosologique avec des symptômes nets ayant une étiologie connue. C'est ainsi que l'on procède dans le cas d'une maladie bactérienne, ou bien d'une maladie avec lésion organique évidente ou déficience génétique. En psychologie, il est rare de trouver des formes cliniques claires malgré le nombre de recherches menées durant ces deux derniers siècles. Si l'on tient compte des trois facteurs SXT, il est fréquent de ne pas trouver de symptômes mais on se trouve devant un état où beaucoup d'éléments sont entremêlés et interagissent les uns sur les autres sans qu'aucun d'entre eux ne soit une cause déterminante.  La loi linéaire de cause à effet ne peut pas être appliquée ici. On a affaire à des facteurs ayant une influence plus ou moins importante sur le développement d ‘une situation. Cette situation pluricausale, dans laquelle aucun facteur n'est à la fois nécessaire ni suffisant, peut être comparée à un enchevêtrement de plusieurs fils ensemble. A certains moments, ce sera tel facteur qui prédominera, et lorsque la situation change, ce sera un autre. Le psychologue est obligé de raisonner d'une manière souple, en fonction des circonstances, et c'est la caractéristique la plus importante de la méthode clinique au sens large.

Le psychologue ne doit pas agir comme un ingénieur devant une machine mais il doit se comporter comme un joueur d'échecs qui, à chaque coup, à chaque moment, se trouve devant une situation de jeu différente dans laquelle il y a plusieurs sortes de pions, chacun ayant une position donnée et une fonction particulière, le tout formant une situation de jeu déterminée. De plus, chaque coup joué provoquera une réaction du partenaire, très difficile à prévoir. Bien qu'il existe des livres qui décrivent beaucoup de situation de jeu, les joueurs se trouvent toujours dans des situations nouvelles devant lesquelles il faut réagir de façon appropriée. A chaque coup, il y a changement de situation qui amène à réfléchir sur une autre tatique. Il faut donc avoir une stratégie globale à long terme et en même temps développer une bonne tactique. Ainsi, le psychologue se trouve devant un enfant entrain de grandir qui est un complexe à trois composantes SXT, c'est à dire qu'il change qoutidiennement. Cet enfant n'est pas un individu qui vit en solitaire mais il a des relations étroites avec ses parents, ses frères et soeurs, ses grand-parents ainsi qu'avec les autres personnes qui vivent dans l'enceinte de la famille. Il y a encore, en outre, les tantes et oncles, les cousins, les camarades de quartier ou du village. En psychologie, on se sert souvent du terme de « constellation » qui signifie un ensemble de dizaine de miliers d'étoiles, difficiles à identifier et à connaître à fond. Ainsi, chauque personne, qui se trouve en relation proche ou lointaine avec l'enfant, a elle-même une subjectivité qui lui est propre. A ses débuts, la psychologie infantile s'est concentré sur l'enfant lui-même, en cherchant à le soigner, le traiter, l'éduquer et le guider. Petit à petit, on est arrivé à comprendre que l'enfant est avant tout en membre d'une famille qui est la source de toutes ses manifestations pathologiques en fonction de certaines circonstances et, le traitement sera difficile si l'on ne cherche pas aussi à améliorer les relations familiales. La psychologie infantile moderne comprend une évaluation de la situation familiale et surtout des particularités des parents. Ainsi, la psychologie infantile englobe au minimum la psychologie clinique des parents. Le profil psychologique de l'enfant doit être complété par le profil psychologique de la famille.

Le processus de l'examen psychologique clinique complet doit donc comporter plusieurs étapes qui sont :

- l'examen médical ;

- l'observation et l'interrogation de l'enfant et de ses parents (ou des personnes qui s'occupent de près de l'enfant) ;

- les tests mentaux ;

- les visites à domicile dans le but de mieux conaître la famille ;

- l'étude des conditions de scolarité et du milieu social.

L'attention doit aussi être portée sur l'origine sociale de la famille ainsi que les particularités culturelles (croyances, religions, niveau d'instruction surtout de la mère, les méthodes d'éducation des parents). Quand le psychologue et le sujet sont de la même origine sociale et de la même culture, la connaissance et la compréhension mutuelle sont relativement faciles. Mais si l'origine sociale et culture des deux parties en présence sont différentes, cela devient difficile. Par exemple, si le psychologue appartient à la couche sociale des intellectuels aisés, et qu'il se trouve devant une famille qui vit marginalement dans des taudis, les parents étant sansinstruction, très superstitieux ou bien qu'il se trouve encore devant un sujet appartenant à une autre ethnie, avec un langage qui lui est propre, des us et coutumes différents d'autre croyances, il y aura un fossé entre les deux parties qui sera la cause de beaucoup de difficultés dans le diagnostic et le traitement. Le point primordial, ici, est tout d'arbord de respecter le point de vue du sujet, le psychologue ne doit pas se servir de ses points de vue culturel, éthique et philosophique pour porter un jugement sur son malade. En prenant un exemple simple, devant une « fille-mère », il est difficile d'éviter d'avoir des pensées moralisatrices ; si le psychologue n'en est pas conscient, il ne sera en mesure d'aider cette personne à surmonter ses difficultés. En résumé, il faut être très vigilant vis-à-vis de ses réactions psychologiques personnelles devant des phénomènes qui nous sont étrangers. Ce qui est différent engendre souvent des réactions de condamnation et de réaction personnelle inconsciente, il sera difficile de pratiquer le métier de psychothérapeute. La clinique et la thérapie psychologiques sont deux parties enchevêtrées et leurs interactions qu'elles soient actives ou passives jouent un rôle primordial. On ne peut pas écarter le côté subjectif en psychologie, même en utilisant des tests que l'on croit entièrement objectifs. En réalité, la subjectivité des deux parties en présence a un effet important qui contribue à fausser les résultats des tests mentaux.

Lorsqu'on se trouve devant une autre personne qui a des traits de caractères différents, étranges, pouvant être à la limite immoraux, extravagants, le psychologue doit avoir une attitude compréhensive, généreuse, sans mettre en accusation ni prendre partie pour quiconque. Ainsi, lorsque les parents racontent les « torts » de leur enfant ou au contraire quand l'enfant se plaint de ses parents, le psychologue ne doit pas prendre partie mais doit essayer objectivement de comprendre la situation. De même si un juge lui demande d'interroger un détenu, le psychologue doit avoir garder une attitude entièrement objective. Il faut être objectif mais sans se montrer froid. Il faut être compréhensif vis-à-vis des deux parties, il ne faut pas se montrer d'accord ni s'identifier à aucune de ses parties, ni se mettre du côté de ceux qui, au nom des règles sociales, voudraient corriger ou punir un individu, ni prendre partie pour l'individu qui s'oppose aux règles sociales. Confucius a dit : « Hoà nhi bat dong »,  c'est-à-dire se montrer compréhensif et ouvert avec tout le monde (Hoà nhi) sans prendre partie (bât dông). Cela pourrait servir de règle de travail pous les psychologues cliniciens et thérapeutes.

En dehors des réactions sentimentales inconscientes, il faut bien se rendre compte que même avec une attitude aussi objective soit-elle, le psychologue qui observe et qui interroge voit toujours les choses à travers des concepts et des théories acquises. Tout comme une personne qui porte des lunettes voit toujours les choses par réfraction ; de même, les renseignements recueillis par le médecin, notés ne sont pas simplement le reflet direct des choses. Le psychologue doit à tout moment bien être conscient de quels concepts. Et théories il utilise dans tel cas précis. En résumé, il faut savoir maîtriser ses sentiments ainsi que sa façon de voir les choses. Le psychologue ne doit pas se contenter d'apprendre pour seulement élargir ses connaissances et posséder son métier, mais il doit encore s'exercer à acquérir la maîtrise de soi-même.

 

Visite à domicile                           

                                                                  Docteur Nguyen Khac Vien

Ce qui est indispensable de faire, surtout pour des cas complexes, ce sont les visites à domicile afin de connaître les relations familiales de l'enfant. Ce travail s'avère difficile pour les cadres supérieurs, non à cause du manque de temps, mais à cause d'une gêne d'ordre psychologique. Le psychothérapeute se trouve en position de donneur lorsqu'il examine un patient à l'hôpital, tandis que s'il se rend au domicile du patient, il est comme un intrus et peut être accueilli sur le pas de la porte seulement. S'il n'est pas invité à entrer dans la maison, il doit se demander pourquoi il n'a pas gagné la confiance de la famille, et dans ca cas, il sera difficile de réaliser une psychothérapie efficace. Là où un professeur ou un chef de service est refusé, un jeune psychologue peut réussir. La clinique en psychologie fonctionne ainsi, il faut avoir un haut niveau pour pouvoir identifier le problème du patient mais il faut aussi pouvoir être capable de communiquer. La consultation, l'entretien et la thérapie doivent se dérouler sur la base d'une communication soutenue entre deux parties qui sont deux personnes dotées chacune d'un psychisme complexe; ils s'appuient sur des directives, des intentions données mais à certains moments, il faut savoir sortir des schémas préétablis et les dépasser. C'est comme le journaliste qui interview un personnage avec le double dessein de l'interroger sur un thème particulier en suivant une direction voulue et d'en tracer le portrait avec tous ses traits, ses particularités dans le but d'en faire une personnalité. L'interview peut être menée selon un schéma préétabli, tandis que le portrait ne peut être fait que dans un contexte particulier qui permet de faire ressortir tel trait prédominant. La façon d'esquisser d'un portrait dépend de l'interlocuteur en présence, ainsi on ne posera pas au poète Xuân Diêu1 les mêmes questions qu'au poète Hàn Mac Tu2. Cette sensibilité clinique n'est pas une sorte de parapsychologie basée sur des relations "magnétiques", mais elle est le résultat d'une longue expérience pratique associée à la connaissance. Ces deux aspects se complètent mutuellement et forment une méthode de raisonnement d'analyse synthétique permettant d'élaborer des hypothèses, de les démontrer et de faire de la clinique au sens large du terme. La clinique est facilement réalisée parce qu'elle s'appuie sur des expériences que toute personne possède plus ou moins, mais comme elle dépend d'une grande expérience accumulée avec le temps, il est difficile d'atteindre des résultats culminants. Voici ce qu'un spécialiste a répondu à un étudiant qui demandait comment faire un entretien correct: il faut au moins 25 ans d'expériences et d'études. Alors qu'il ne suffit de quelques années pour posséder la technique des tests. Il ne faut pas opposer artificiellement les deux pratiques parce que les tests constituent aussi une expérience clinique. En psychologie, rien ne peut remplacer l'observation et l'entretien avec le patient pour obtenir des informations servant d'indications. Faute d'expériences, nos dossiers sur les malades sont souvent sommaires, similaires, contiennent des détails superflus, où manquent des informations importantes. Il n'est pas nécessaire que soient systématiquement enregistrés dans les dossiers le poids à la naissance 3kg ou 2,8kg ou encore, le processus de développement psychomoteur de l'enfant... Lors de la consultation, ces détails ne doivent pas être négligés mais le portrait synthétique de l'enfant nécessite de noter ce qui est essentiel, en particulier les événements significatifs ayant eu lieu au cours du suivi. Par exemple, ce cas d'un enfant qui joue avec une poupée en lui donnant des coups, et répond au psychologue qui lui demande pourquoi il bat la poupée que c'est parce qu'elle boit de l'alcool. C'est grâce à cela que l'on comprend que l'enfant est très angoissé parce que son père est alcoolique, fait que toute la famille n'avait pas dit ao psychologue. Cependant, ce fait n'a pas été enregistré dans le dossier alors que les résultats du test Raven y étaient intégralement inscrits. Le psychologue doit faire beaucoup de dossiers, les soumettre à la discussion avec d'autres spécialistes, y compris des psychologues étrangers, et ne doit pas se contenter uniquement de son expérience personnelle. Lorsque l'on débute dans le métier de psychologue, la tâche primordiale est d'accumuler ce capital d'expériences cliniques. Sans ce capital, on ne pourra pas dépasser le stade initial et s'appuyer sur des textes pour passer au stade de l'entretien bien mené en fonction du contexte. On peut s'exercer à observer et à faire des entretiens dans la vie de tous les jours avec n'importe qui et dans n'importe quelle situation.

1. Xuân Diêu (XXe siècle): un des pionniers de la poésie romantique moderne.

2. Hàn Mac Tu (XXe siècle): lépreux, ce poète lyrique chante la maladie, la mort et la foi catholique.

 
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