26 millions d’enfants de 0-14 ans, sur 66 millions (1991) : Belles
promesses pour l’avenir, une lourde charge pour le présent. Quand on voit
déferler dans les rues le flot des petits écoliers, au sortir de classes
bondées, on se sent assailli pour une lourde inquiétude, tout en ressentant une
impression de vitalité débordante.
Comment nourrir tous ces enfants ?
Le pays dispose de 7 millions d’hectares de terres cultivées, produisant
par un une vingtaine de millions de tonnes de vivres, la ration moyenne par
habitant n’atteint pas 2000 calories/jour et 50% des enfants souffrent de
malnutrition. Certes, avec les techniques agronomiques déjà mises en
application ci et là, on pourrait produire facilement 30 millions de tonnes.
Jusqu’en 1988, le système des coopératives institué trop rapidement avait
paralysé la production agricole, depuis la nouvelle politique agricole a
suscité un déblocage, mais la mise en place des nouvelles structures
socio-économiques se heurte encore à de nombreuses difficultés.
De toute façon, il n’est guère facile de nourrir une population qui
s’accroît de 2,2% par an (1990). Le planning familial est appliqué dans les
villes, mais dans les campagnes qui groupent 80% de la population les familles
aspirent à avoir plus de deux enfants, chiffre avancé par les autorités. Chez
les ethnies montagnardes, comme dans les régions à majorité catholiques, toute
mesure contraceptive est ou ignorée ou pratiquement interdite.
Toutefois, les atouts ne manquent pas : une population laborieuse,
industrieuse, fortement scolarisée, assimilant rapidement les techniques
nouvelles, un gouvernement et une armature de cadres aujourd’hui hautement
conscients de l’acuité des problèmes, une aide internationale relativement
efficace.
Comment les éduquer ?
D’arbord les instruire. Partout parents et enseignants se plaignent de
l’exiguité des locaux scolaires, de la pénurie de livres et de matériel
pédagogique, de la misère dans laquelle vivent les enseignants, de la surcharge
des programmes, de la rigidité des structures scolaires, du caractère suranné
des méthodes pédagogiques.
Néanmoins, on a là aussi des raisons d’espérer.
Depuis une trentaine d’années au Nord, depuis une quinzaine d’années au
Sud, le gouvernement et la population conjuguant leurs efforts sont arrivés à
mettre en place un réseau scolaire omniprésent : si ce réseau présente
maintes lacunes et insuffisances, il a au moins une haute vertu, celle
d’exister. Les écoles, les maîtres, les organismes de gestion, de production de
livres et matériel sont là, prêt à accueillir les mesures de rénovation
nécessaires.
Les conceptions sur l’édification du système scolaire commencent à perdre
leur caractère utopique et volontariste des années passées pour devenir plus
réalistes ; les enquêtes, les expériences pédagogiques, et voire des
études psychologiques se font plus fréquentes. La diversification des
structures devient une politique générale : garderies d’enfants, écoles,
même université privées sont autorisées, les établissemnts de formation
technique avec des cursus variés se multiplient, les programmes s’assouplissent
peu à peu.
La difficulté majeure reste la pénurie matérielle - locaux, livres,
matériel et l’insuffisance notoire du salaire des enseignants. A court terme,
un accroissement substantiel des crédits gouvernementaux à l’enseignement
s’avère indispensable ; à long terme, le problème ne sera résolu que par
un développement économique général.
Comment assurer la formation morale des enfants ?
Les structures sociales traditionnelles se disloquent, les valeurs
d’autrefois n’ont plus cours, parents et enfants sont plus ou moins désemparés,
la mentalité de consommation, induite par l’invation des marchandises
étrangères corrodela moralité publique
et individuelle, la délinquance juvénile s’accroîte dangereusement.
Il est vrai que ces problèmes ne sont pas particuliers au Vietnam. Pendant
les années de guerre, le patriotisme, l’effort de guerre on fourni à tout le
pays une armenture morale et idéologique solide, d’autant plus que l’idéal
socialiste introduisait dans les esprits un ferment nouveau. Le retour à la
paix, les erreurs graves d’une politique économique irréaliste ont miné le
moral d’une grande partie de la population. Des problèmes d’une grande ampleur
et acuité se posent dans les domaines idéologique, philosophique, moral au sein
d’une société très diverse tant par sa composition ethnique (54 groupes
différents) que religieuse et doctrinale. Des influences extérieures d’un grand
poids, venant de l’Union soviétique, de la Chine, de l’Inde, des pays de
l’Occident, du Japon jouent un grand rôle sur cette terre qui toujours avait
été un lieu de rencontre de diverses civilisations. On peut espérer que le
peuple vietnamien, et son intelligentsia, traditionnellement habitué à faire la
synthèse, ou tout au moins à espérer un syncrétisme culturel réussi arriveront
à surmonter les écueils sur la voie du développement économique et culturel.
Comment soigner les malades, protéger la santé des mères et enfants ?
Ici aussi,grande pénurie matérielle,
retard technologique accusé, insuffisance notoire des traitements du corp
médical, tout cela s’explique facilement, 40 années de guerre(1939-1979) ont laissé des séquelles d’une
grande gravité. Ici aussi, le nouveau régime a eu le mérite d’avoir mis sur
pied un réseau médico-sanitaire couvrant même les villages les plus reculés
(n’oublions pas le Dr Pham Ngoc Thach, qui fut le promoteur une politique
médico-sanitaire vigoureuse qui avait précinisé dès les années 60 tout ce
qu’aujourd’hui on appelle médecine communautaire, soins de santé primaires).
Ici aussi, des crédits gouvernementaux importants, une aide internationale
accrue peuvent jouer un rôle décisif. Le corps médical vietnamien est à même,
dans des conditions matérielles meilleures, d’assurer la rénovation du système
médico-sannitaire.
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Les problèmes dans tous les domaines sont d’une ampleur et d’une acuité
considérables qui exigent des investisements importants, des efforts de
réflexion théorique et d’organisation pratique soutenus, une mobilisation à
grande échelle de la population et des cadres, dans le contexte d’une restructuration
en profondeur de toute la société. Mais ils ne sont pas insolubles. Nous
pensons que le corps enseignant, le corps médical, comme tous les cadres
responsables de la politique de l’enfance, assurés de l’appui du gouvernement
et de la population, et d’une aide internationale grandissante sont capables
d’assurer entièrement leurs responsabilités.
Sans verser dans un optimisme béat, nous faisons confiance à nos collègues,
enseignants, médecins, infirmières, cadres, à tous ceux qui, dans les villages
les plus reculés comme dans les grandes villes doivent (pour combien de temps
encore ?) exercer leur métier, leur sacerdoce dans les conditions de
pénurie extrême. Leur ténacité, leur ingéniosité, leur dévouement permettent
d’envisager l’avenir avec espoir.
Centre de Consultation Psychologique NT Nguyen Khac Vien
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