NT Foundation - Méthode clinique en psychologie
 
 
 
 
Méthode clinique en psychologie
 

              Docteur Nguyen Khac Vien

La méthode d'approche fondamentale pour l'étude des troubles psychologiques est la méthode clinique.

Le mot clinique est un terme médical qui signifie étymologiquement contact direct avec le malade pour l'ausculter et le traiter. Par la suite, la méthode clinique s'est étendue à la psychologie. Nous allons présenter la méthode clinique en médecine de façon générale puis nous aborderons la méthode clinique en psychologie plus en détail, et tout particulièrement la méthode clinique en psychologie infantile.

1. La méthode clinique en médecine

Un malade vient de lui-même ou sur la demande de la famille ou d'un organisme social, consulter un médecin pour faire le diagnostic et le traitement de la maladie. Ainsi le médecin doit répondre à l'attente d'un cas, d'une personne concrète et, au minimum, il doit répondre aux questions que se pose le malade : De quoi suis-je malade ? Comment Médecine soigner ? Quel en est le diagnostic ? Ici, nous ne pouvons pas faire de la science où l'on peut attendre que le problème  soit clair pour arriver à une conclusion ; les médecins peuvent se consulter entre eux mais ils ne peuvent pas prolonger le débat éternellement parce qu'il faut répondre rapidement à la question : que faire maintenant ? Ici, nous ne trouvons pas devant un problème « macro », c'est à dire commun à un groupe de personnes comme en sociologie, mais l'on a affaire à un problème « micro » concernant un individu concret, où les méthodes statistiques ne peuvent pas être appliquées. Il faut appliquer la méthode de base d'étude du cas par cas (cas stady).

Le mot clinique a un sens étroit et un sens large. Le sens étroit, c'est la consultation directe avec le malade. Lors de la consultation, l'utilisation des sens est importante (la vue, l'ouie, le toucher, l'odorat et le goût - dans temps, où il n'y avait pas encore de test clinique, le médecin devait goûter à l'urine du malade pour déceler le diabète) pour identifier la maladie. Un bon clinicien est celui dont les sens sont aiguisés, lui permettant de percevoir les signes les plus subtils de la maladie. La deuxième étape est d'interroger sur l'existence des symptômes, sur la vie du malade, et son histoire ; le médecin peut aussi s'enquérir auprès des gens proches du malade. La troisième étape est la consultation des dossiers (s'il y en a) où sont inscrits les faits relatifs à la santé du malade.

Les informations données lors des consultations par le malade ou ses proches et recueillies par le médecin lors de la consultation sont de nature subjective. Le développement de la médecine moderne permet de compléter ces informations par des données objectives, S'appuyant sur les grands progrès de la physique et de la chimie, la biologie a fourni à la médecine des outils et des tests de plus en plus précis. La médecine d'aujourd'hui est principalement devenue une biomédecine qui utilise des biotechnologies de haut niveau. Cette médecine qui se base sur des tests techniques s'appelle la paraclinique. Elle joue un rôle de plus en plus important et le rôle subjectif de médecin diminue alors que l'interview des malades est négligée. Il en est de même des traits subjectifs du malade qui s'estompent en même temps que les relations médecin-malade.

Le terme clinique  au sens large intègre tous les renseignements paracliniques qui permettent de faire le diagnostic et de donner des indications thérapeutiques concrètes précises. Un bon clinicien est celui qui est capable de faire un diagnostic juste à partir de données provenant de différentes sources et de donner les bonnes indications thérapeutiques. Selon cette définition au sens large, la clinique est l'ensemble de tout un processus qui comprend plusieurs étapes : consultation-entretien-tests-hypothèses de diagnostic-démonstration de cette hypothèse, si l'hypothèse s'avère fausse, d'autres informations sont recherchées-traitement d'épreuves et suivi de l'évolution des symptômes pour confirmer l'exactitude du diagnostic préliminaire. Dans certains cas, les tests d'analyse médicale sont capables d'établir le diagnostic d'une entité morbide déjà clairement décrit dans la littérature médicale. La classification des maladies (nosographie) a déjà commencé à être établie depuis des millénaires mais c'est surtout depuis le XIXe siècle qu'elle est basée sur la clinique, sur les études de recherche des causes de la morbidité (étiologie) et sur les mécanismes de la maladie (pathogénie). Si l'on peut détecter de façon précise la cause d'une maladie pouvant être une bactérie ou une substance toxique et connaître à un plus haut niveau le mécanisme de la maladie, on peut alors proposer un modèle linéaire du processus morbide : Etiologie A → maladie B (causalité linéaire). Si tout se déroule suivant ce modèle, il ne sera pas difficile d'utiliser l'ordinateur pour réaliser le diagnpstic et le traitement sans pratiquement avoir recours au sens clinique du médecin. Auparavant, cela demandait au médecin beaucoup d'années d'expériences afin d'acquérir une bonne sensibilité clinique ; même si l'on disposait d'appareils sophistiqués en conjonction avec l'informatique pourrait-on se passer de cette sensibilité ?

II. La méthode clinique en psychopathologie

Depuis le début du XIXe siècle, où les malades mentaux commencent à être admis dans les hôpitaux, la médecine a entrepris d'étudier les différentes maladies mentales en suivant la démarche qui va de la clinique jusqu'à la détection des lésions dans le corps, essentiellement dans le cerveau selon la théorie qu'à toute maladie correspond une lésion donnée dans une partie du corps. Cette lésion peut être soit facile à voir soit difficile à déceler, nécessitant alors l'utilisation de moyens technologiques sophistiqués pour sa détection. Des symptômes sans lésion décelable seraient dus au fait que l'on ne dispose pas d'outils sensibles, et que, tôt ou tard, des moyens technologiques appropriés seront en fin de compte découverts. C'est le point de vue de l'organicisme. Vers la fin du XIXe siècle, des lésions ont été décelées dans très peu de maladies mentales et c'est pourquoi, l'on a vu se développer deux écoles en médecine :

- La première école conserve l'hypothèse de l'existence des lésions organiques et poursuit les recherches en biologie. Le point de vue de ctte l'école  a été renforcé par les résultats obtenus en biochimie et en biologie moléculaire parallèlement aux progrès réalisés dans les neurosciences et avec le découverte des psychotropes et des neurotransmetteurs depuis 1952.

- La deuxième école soutient l'idée que dans toute maladie mentale, avec des lésions organiques évidentes ou non, la subjectivité du patient est un facteur déterminant. L'intelligence, l'affectivité, la pensée, la volonté, l'idéal qui se regroupent sous le concept de « psychisme » ne peuvent pas être abordés à l'aide de moyens technologiques uniquement. Une approche psychologique nécessite des moyens spécifiques. On peut dire que, depuis des millénaires, un riche capital d'expériences et de connaissances en psychologie s'est accumulé. Il s'exprime à travers le langage, la littérature, l'éthique, la philosophie. Mais ce ne sont essentiellement que des intuitions. Il a fallu élaborer une psychologie qui puisse maîtriser ces expériences intuitives. A partir de ce point de vue, il y a eu le développement de plusieurs théories permettant d'expliquer les phénomènes psychologiques et psychopathologiques. Les pricipales théories actuelles vont être présentées dans les chapitres suivants, mais il faut dire, dès le début, qu'aucune théorie n'a été unanimement reconnue. Ainsi, vis-à-vis d'une théorie, à part un petit nombre d'adeptes qui la défendent à fond, la plupart des psychologues dans le monde adoptent une attitude « éclectique ». Une théorie ou une autre est appliquée selon les circonstances, les cas et les époques. Il faut aussi reconnaître dès le début que, bien que la psychologie moderne ait beaucoup progressé, elle n'a pas encore réellement atteint un niveau scientifique au sens étroit du terme, comme en sciences naturelles. Cela ne signifie pas que l'on nie l'efficacité de la psychologie dont on commence à voir son rôle important dans tous les domaines de la vie, mais on veut parler ici des limites de cette sciences et mettre en garde l'étudiant et le chercheur sur le fait que la psychologie, qui est une discipline où l'on tâche de comprendre l'homme sous tous ses aspects, requiert des connaissaces fondamentales englobant plusieurs domaines : la biologie, la sociologie, la philosophie et la littérature.

 

 

 
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